Western de
second rang mais qui prend la suite des westerns révisionnistes des années
cinquante pour dénoncer le sort des Indiens lors de la Conquête de l’Ouest. Le
film a marqué par la violence de la dénonciation du massacre des Indiens. Il
s’appuie en effet sur le massacre de Sand Creek où un détachement militaire
massacra un paisible campement cheyenne.
Cette séquence,
qui ne concerne en réalité que les dernières vingt minutes du film et qui est détachée
du reste de l’histoire (cette séquence n’est en rien une conséquence de tout ce
qui arrive aux protagonistes lors de la première heure et demie), reprend les
canons esthétiques de l’époque en ce qui concerne la représentation de la
violence : l’effet Peckinpah fait son œuvre. On a donc droit à des
barbouillages de sang et à des petites poches de sang qui explosent en tous
sens. De ce fait le film a beaucoup vieilli d’autant plus que, de par
l’héroïne, son côté hippie apparaît très daté aujourd’hui.
Cela dit la
dénonciation apparaît comme le fait d’une baderne stupide et sans cœur qui veut
casser du Peau-Rouge (un peu comme le Custer de Little Big Man) ce qui amoindrit la portée de la
dénonciation puisque cette exaction apparaît davantage comme un acte isolé
et non la suite logique d’un rouleau compresseur organisé et inarrêtable.
Le Soldat bleu est non seulement une
dénonciation du sort réservé aux Indiens au XIXème siècle mais il fait écho, bien
entendu, à la guerre du Vietnam et au massacre de My Lai en 1968, qui a marqué
l’opinion américaine. Il y a d’ailleurs un jeu de retournement historique et
cinématographique étonnant. La guerre du Vietnam a permis une prise de
conscience de ce qu’avait été réellement la Conquête de l’Ouest en revisitant
le concept de Frontière : jusqu’alors le mythe cinématographique racontait
comment la civilisation s’était étendue en Amérique en domptant la Nature et en
éludant la réalité des massacres des Indiens. Face aux atrocités commises lors
de la guerre du Vietnam, les Américains ont pu prendre conscience des massacres
que suppose réellement la conquête d’un territoire. C’est donc la guerre du Vietnam
qui a permis de reconsidérer le sort des Indiens. Ici, au contraire, la mise en
scène du massacre des Indiens est l’occasion de dénoncer celui de civils
vietnamiens et de prendre position contre la guerre du Vietnam.
Faisant fi du drapeau américain et du drapeau blanc, l'armée ouvre le feu |
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