Le très célèbre Massacre à la tronçonneuse est un énorme
pavé dans la mare du cinéma américain, lancé avec violence par Tobe Hooper en
1974. C’est que Hooper n’hésite pas : à la fois il développe un scénario
simple, et, surtout, il ne cache rien et ne se donne aucune limite. Très
symboliquement, après la première apparition du tueur masqué, celui-ci tire une
terrible porte de métal derrière lui. Mais Hooper franchira cette porte et il
dévoilera ce qui se trouve derrière, dans l’arrière-cuisine, infernale chambre
de l’horreur. Certaines scènes sont encore aujourd’hui à la limite de
l’insoutenable (on imagine les réactions lors de sa sortie).
Et pourtant Hooper, par un cadrage intelligent ne montre pas tant qu’il suggère, on voit peu de lames ou de chaînes pénétrer ou trancher la chair. Rien à voir avec des barbouillages ou des gros plans que les rejetons du film se plairont à répandre. L’horreur suggestive va bien au-delà de simples scènes qui montrent la violence : elle est dans la crudité presque documentaire, dans l’image poisseuse, dans les jeux de sons effrayants et dans les délires épouvantables de la famille qui se referme entièrement sur Sally, qui croyait pouvoir s’échapper.
Et pourtant Hooper, par un cadrage intelligent ne montre pas tant qu’il suggère, on voit peu de lames ou de chaînes pénétrer ou trancher la chair. Rien à voir avec des barbouillages ou des gros plans que les rejetons du film se plairont à répandre. L’horreur suggestive va bien au-delà de simples scènes qui montrent la violence : elle est dans la crudité presque documentaire, dans l’image poisseuse, dans les jeux de sons effrayants et dans les délires épouvantables de la famille qui se referme entièrement sur Sally, qui croyait pouvoir s’échapper.
Et, violence
supplémentaire du récit, Hooper ne donnera rien pour expliquer, apaiser,
résoudre l’énorme monstruosité qu’il décrit. La bande d’amis est déchiquetée
par une famille folle et voilà tout.
On notera la
parodie qui, paradoxalement, n’est jamais très loin. Par exemple le repas « en
famille », tout à fait monstrueux, qui est comme une nouvelle version de Freaks, et qui est un sommet d’horreur. Parodie
encore quand Sally, épouvantée et hystérique, est poursuivie par Leatherface
qui brandit sa tronçonneuse pétaradante. On se croirait dans un cartoon.
Le film propose une nouvelle version de la confrontation à la Frontière. Il est encore
des endroits, nous montre Hooper, qui échappent à la civilisation : cette
maison ancrée au milieu de nulle part est un territoire encore vierge. Et ce ne
sont pas des serpents à sonnettes qui sont à craindre, ni des Indiens hurlants
comme dans les westerns des années 40, mais des détraqués ultraviolents et
cannibales. L’aspect familial de la tuerie rajoute à la violence : ce
n’est pas un loup solitaire, ce sont des psychopathes congénitaux.
Le film, d’ailleurs, a tout d’un western dégénéré, de par son ambiance, son décor, ce
mélange avec la nature et cette psychédélie chamanique délirante (les plumes
éparses, les peaux qui sèchent, les ossements partout). Sally est une nouvelle Prisonnière du désert, sans personne
pour la sauver et la ramener à la maison.
On sent
parfaitement combien dans cet endroit, dans cette maison, un mal inouï rode,
comme une radioactivité que rien ne peut effacer. Il n’est pas question d’expliquer le Mal, ni de l’éradiquer. Il n’y
a pas de voiture de police opportune qui, telle la cavalerie, viendrait sauver
in extremis la jeune fille. Il n’y a rien d’autre à faire que fuir, si l’on y
parvient.
A la fin du film
le danger est toujours le même, le territoire toujours pareillement envahi par
ces monstres qui continueront de déchiqueter les malheureux qui s’y aventureront.
Le film,
évidemment, par son impact, lance le slasher movie, en mettant en place tous
les éléments du genre. Genre qui aura une descendance innombrable : derrière
quelques films d’intérêt (de Wes Craven ou John Carpenter), on ne compte plus
les films qui procèdent du même ressort et qui étaleront leurs petites
boucheries sans apporter la moindre mini-réflexion ou le moindre
mini-enrichissement au genre.
Dans un tout
autre genre, Délivrance procède d’une
même approche en parcourant aussi une zone qui échappe à la civilisation. Et il propose une réflexion très intéressante sur ce rapport
civilisation/territoire vierge.
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