Très bon film de
Sidney Lumet, dans lequel il règle le sort de la télévision. Le film est
complexe, brasse beaucoup d’idées et fait le tour, avec une acuité très vive,
des dérives tout à fait délirantes du média.
Du financement
de groupes armés jusqu’au meurtre d’un présentateur que l’on ne parvient pas à
virer, Lumet construit un miroir (à peine ?) grossissant et décrit les
rouages de la machine qui rend fou. Elle rend fou (ou, pour le dire mieux,
lobotomise) les spectateurs, mais elle rend fou, aussi, ceux qui la font. Howard (excellent Peter Finch),
le présentateur habité qui prêche comme un possédé, Diana Christensen (Faye
Dunaway), incapable d’aimer, mais qui jouit en pensant à l’audimat de sa
prochaine émission, Hackett (Robert Duvall), qui envisage tout à fait
normalement la mort d’un homme comme solution de son problème, sont autant de fous,
de calculateurs ou de cyniques.
Certaines
séquences sont très efficaces, notamment Howard qui commence à délirer mais
dont on se rend compte qu’il fait de l’audimat. Howard toujours qui fait des
shows prophétiques qui annoncent les shows hystériques actuels. Ou encore
l’exceptionnelle séquence du patron de la chaîne qui s’exprime face à
Howard tel un démiurge.
Lumet filme avec
maestria l’intérieur de l’immeuble d’UBS (il sort bien peu dans la rue pour
voir les téléspectateurs, singulièrement absents du film), découpant son
cadre sans cesse, dans l’encadrement des portes, des fenêtres, des caméras, des
écrans. Tout semble réduit à ce qui apparaît sur l’écran de la télévision.
C’est l’alpha et l’oméga de la vie. De sorte que le monde présenté à la
télévision rejoint le monde de ceux qui sont aux manettes : on retrouve la
même absence de sens, le même manque d’émotion, la même aliénation.
C’est, évidemment, l’étonnante prémonition du film qui fascine aujourd’hui : s’il s’agissait
d’un miroir grossissant en 1976, le constat est d’une actualité confondante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire