lundi 24 février 2014

Lucky Luciano (F. Rosi, 1974)




Exemple typique des films de dossiers chers à Francesco Rosi. Film complexe et assez obscur, avec des séquences mélangées dans le temps et à propos desquelles il faut un réel effort pour s’y retrouver. Hormis quelques séquences de meurtres très limitées, on reste loin des codes des films de mafias américaines (Le Parrain est sorti un an auparavant).
Quand bien même le titre du film se centre sur Lucky Luciano et quand bien même le personnage est présent, il est loin d’être le centre de la narration : on le voit assez peu et il reste complètement mystérieux. Gian Maria Volonte est d’une sobriété et d’une opacité exemplaire. Rosi ne crée aucune empathie pour le personnage, dont on sent juste, à peine, qu’il tire les ficelles, amis de loin, sans que rien ne transparaisse.
Mais, bien loin de chercher à raconter l’histoire d’un homme, fut-il la clef de voûte d’un système, c’est l’armature complexe de la mafia qui intéresse Rosi et notamment, juste au sortir de la guerre, comment les Américains ont permis l’installation de mafieux dans des postes de pouvoir local. Car c’est bien, nous montre Rosi, ce qui attire la mafia.
Si Rosi est le chantre des films de dossiers, on est bien loin des films à thèse puisqu’aucune cause n’est défendue. Rosi montre une complexité, des liens, mais il ne dit pas le nœud de l’affaire, il se contente d’exposer, sans asséner de vérités, sans dire ce qu’il faut penser. Ce film remarquable incite donc à penser, à se renseigner, à réfléchir.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire