Exemple typique
des films de dossiers chers à Francesco Rosi. Film complexe et assez obscur, avec
des séquences mélangées dans le temps et à propos desquelles il faut un réel
effort pour s’y retrouver. Hormis quelques séquences de meurtres très limitées,
on reste loin des codes des films de mafias américaines (Le Parrain est sorti un an auparavant).
Quand bien même le
titre du film se centre sur Lucky Luciano et quand bien même le personnage est
présent, il est loin d’être le centre de la narration : on le voit assez
peu et il reste complètement mystérieux. Gian Maria Volonte est d’une sobriété
et d’une opacité exemplaire. Rosi ne crée aucune empathie pour le personnage,
dont on sent juste, à peine, qu’il tire les ficelles, amis de loin, sans que
rien ne transparaisse.
Mais, bien loin
de chercher à raconter l’histoire d’un homme, fut-il la clef de voûte d’un
système, c’est l’armature complexe de la mafia qui intéresse Rosi et notamment,
juste au sortir de la guerre, comment les Américains ont permis l’installation
de mafieux dans des postes de pouvoir local. Car c’est bien, nous montre Rosi, ce qui attire la mafia.
Si Rosi est le
chantre des films de dossiers, on est bien loin des films à thèse puisqu’aucune
cause n’est défendue. Rosi montre une complexité, des liens, mais il ne dit pas
le nœud de l’affaire, il se contente d’exposer, sans asséner de vérités, sans
dire ce qu’il faut penser. Ce film remarquable incite donc à penser, à se
renseigner, à réfléchir.
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