Excellent film de Alberto Lattuada, qui attaque avec férocité la mafia sicilienne.
La séquence
d’introduction résume à elle seule tout le film : dans une usine milanaise
où des machines gigantesques tordent ou déforment des plaques
d’acier au rythme d’une musique écrasante et où les chaînes de montage s'étendent à perte de vue, le contremaître Badalamenti s’affaire entre les machines. Il est comme les mineurs de Germinal qui sont
avalés par la fosse chaque matin. Le propos du film est clair : il s’agit
d’exposer à quel point Badalamenti est écrasé et contraint par la terrible machinerie qu'est la mafia.
Seules quelques scènes (mêlant la femme milanaise de Badalamenti à sa belle-famille sicilienne) rappellent la comédie italienne de la période.
Comme toujours Alberto Sordi
est parfait, avec toujours cet équilibre entre la volonté et la fragilité,
entre la fausse fierté et la vraie couardise. Pris dans un étau gigantesque, son
personnage ne peut empêcher le destin de le mener par le bout du nez, quoi
qu’il en dise, quoi qu’il en pense. Le film est très
dur : il n’y a aucune porte de sortie pour le pauvre Badalamenti, complètement écrasé par une machine qui le dépasse.
Lattuada dénonce la manipulation effrénée de marionnettes menées à leur guise par les parrains de la mafia mais, à l’inverse
de ce que fera Coppola dans Le Parrain, ce n’est pas la tête de la pieuvre sicilienne qui
l’intéresse, mais le bout du bout du tentacule.
Badalamenti au milieu de la gigantesque usine |
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