Ce film est très réussi (il est même
à bien des égards exceptionnel) mais voilà qui est bien dommage : à
quelques scènes près – les scènes où un monstre gigantesque apparaît, scènes imposées
stupidement par les producteurs contre l’avis de Tourneur qui s’est résigné –
le film était parfait.
Tout à fait dans la veine d’autres
films de J. Tourneur, Rendez-vous avec la peur aurait dû suggérer, laisser le
doute, sans jamais trancher. Ce film présente la confrontation du savant John
Holden (très bon Dana Andrews, comme toujours) avec les forces irrationnelles
et démonologiques, incarnées par l’inquiétant et troublant Docteur Karswell. On
voit les certitudes tranquilles du savant (et avec lui celles du spectateur) s’effriter
et le doute s’installer au fur et à mesure du film.
L'inquiétant Docteur Karswell |
Mais il faut faire l’effort,
intellectuel, d’ôter l’apparition du monstre de son esprit (ou de considérer
que le monstre n’est qu’une vision métaphorique). On aurait alors un film
remarquable, sans cesse louvoyant entre le rationnel et l’irrationnel. Mais là,
évidemment, avec ce gros monstre qui vient remuer sa langue de caoutchouc en
gros plan on ne peut que soupirer…
La force de Tourneur (qui a compris
très tôt qu’il valait mieux suggérer plutôt que montrer) est balayée par les
apparitions du monstre. C’est un bel exemple de sabotage d’un film en quelques
scènes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire