Le film a terriblement choqué par ses premières séquences, très dures à regarder (en particulier un long plan-séquence d'un viol) qui ont fait scandale.
La chronologie du film est inversée : on commence par la fin (insoutenable donc) et on rembobine. Treize séquences se succèdent ici, montées à l'envers. On découvre donc, petit à petit, ce qui a pu conduire Marcus (V. Cassel) et Pierre (A. Dupontel) à se faire justice eux-mêmes. On voit la conséquence avant la cause.
Ce montage original est en fait imposé par
l'image : après les premières séquences épouvantables (depuis la vengeance dans
la boîte de nuit homo jusqu'au viol), maintenant que G. Noé a réussi à choquer
le spectateur, et que celui-ci, au choix, a envie de vomir, ferme les yeux
ou a quitté la salle, le film va, de séquences en séquences, à mesure de ses
retours en arrière, rattraper le coup et le laver de toute cette
saleté, jusqu'à une fin toute fraîche et pure.
On jugera du procédé : il est tout à fait évident que, déroulé dans le sens habituel, le film serait inregardable et laisserait le spectateur avec des images ultraviolentes que rien ne viendrait contrebalancer.
C'est comme un effet Koulechov étendu à l'ensemble du film : le but du procédé est de rendre supportables des images insupportables, les dernières séquences venant tamponner un peu l'horreur des premières. Noé cherche à noyer le spectateur puis revient en arrière. On jugera de l'honnêteté du procédé qui permet d'aller encore plus loin en terme d'images limites.
Dans un autre genre, et sur un tout autre thème, Alabama Monroe use aussi d'un artifice de montage (en alternant les séquences) pour faire pleurer tant et plus le spectateur : des séquences très tristes sont tempérées par des séquences intercalées qui respirent la joie de vivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire