lundi 26 janvier 2015

L'Assassinat de Kennedy (A. Zapruder, 1963)




Ce documentaire très court (26,6 secondes) et extrêmement célèbre est le film le plus commenté et le plus disséqué du cinéma (chacun des 486 photogrammes a été analysé cent fois). Filmé in situ par A. Zapruder avec sa caméra personnelle, il montre le moment où le président Kennedy, défilant à Dallas, est assassiné, ce qui constitue à l’époque un document exceptionnel (quand on sait qu’aujourd’hui il aurait été filmé cent fois sous de multiples angles).

Le film a deux intérêts principaux liés au cinéma (laissons de côté son apport quant à l’assassinat de Kennedy).
Le premier est la violence des images. En 1963, le code Hays est encore en vigueur et il est tout à fait inconcevable de filmer des images d’une telle violence. Le film montre en effet le crâne du président éclater sous l’impact d’une balle. Même si cette partie du film est restée longtemps censurée, elle montre le décalage entre ce que montre le cinéma d’Hollywood à l'époque et la réalité. Ce film, avec d’autres images de la réalité (par exemple le massacre de My Lai en 1968 rapporté du Vietnam), a fait prendre conscience progressivement du gap entre film et réalité et a contribué à abolir le code de censure.

Le second apport du film est encore plus décisif : il remet à plat l’idée pourtant intuitive de la preuve par l’image. Le film, en effet, ne permet pas de trancher quant à la présence d'un ou plusieurs tireurs. J.- B. Thoret le dit très bien : « ce film spectaculaire censé détenir la vérité d’un événement a porté un coup fatal au principe de transparence sur lequel était fondé le cinéma hollywoodien classique. […] Auparavant, il suffisait de voir pour savoir et la vérité apparaissait dans l’image elle-même. Le film de Zapruder, lui, montrait tout mais n’expliquait rien. On pouvait donc voir sans comprendre. »



L’influence de ce film est immense dans le cinéma (de même bien sûr que l’assassinat en lui-même). On ne compte plus les films qui mettent en scène un sniper qui veut abattre sa cible à distance. On voit aussi de nombreuses scènes directement inspirées du film de Zapruder (par exemple dans Bonnie & Clyde d'A. Penn).

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