Ce
documentaire très court (26,6 secondes) et extrêmement célèbre est le film le plus commenté et le plus disséqué du cinéma (chacun des 486 photogrammes a
été analysé cent fois). Filmé in situ
par A. Zapruder avec sa caméra personnelle, il montre le moment où le président Kennedy, défilant à Dallas, est assassiné, ce qui constitue à l’époque un document
exceptionnel (quand on sait qu’aujourd’hui il aurait été filmé cent fois sous de
multiples angles).
Le
film a deux intérêts principaux liés au cinéma (laissons de côté son apport
quant à l’assassinat de Kennedy).
Le
premier est la violence des images. En 1963, le code Hays est encore en vigueur
et il est tout à fait inconcevable de filmer des images d’une telle violence. Le
film montre en effet le crâne du président éclater sous l’impact d’une balle. Même
si cette partie du film est restée longtemps censurée, elle montre le décalage
entre ce que montre le cinéma d’Hollywood à l'époque et la réalité. Ce film, avec d’autres
images de la réalité (par exemple le massacre de My Lai en 1968 rapporté du
Vietnam), a fait prendre conscience progressivement du gap entre film et
réalité et a contribué à abolir le code de censure.
Le
second apport du film est encore plus décisif : il remet à plat l’idée
pourtant intuitive de la preuve par l’image. Le film, en effet, ne permet pas
de trancher quant à la présence d'un ou plusieurs tireurs. J.- B. Thoret le
dit très bien : « ce film
spectaculaire censé détenir la vérité d’un événement a porté un coup fatal au
principe de transparence sur lequel était fondé le cinéma hollywoodien
classique. […] Auparavant, il suffisait de voir pour savoir et la vérité
apparaissait dans l’image elle-même. Le film de Zapruder, lui, montrait tout
mais n’expliquait rien. On pouvait donc voir sans comprendre. »
L’influence de ce film est immense dans le cinéma (de même bien
sûr que l’assassinat en lui-même). On ne compte plus les films qui
mettent en scène un sniper qui veut abattre sa cible à distance. On voit aussi de nombreuses scènes directement inspirées du film de Zapruder (par exemple dans Bonnie & Clyde d'A. Penn).
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