dimanche 26 avril 2015

Violence et gonflement du représenté : une déficience généralisée



Une intéressante réflexion de G. Deleuze (dans L'Image-Temps, 1985) :

« On peut toujours dire que le cinéma s’est noyé dans la nullité de ses productions. Que deviennent le suspense d’Hitchcock, le choc d’Eisenstein, le sublime de Gance, quand ils sont repris par des auteurs médiocres ? Quand la violence n’est plus celle de l’image et de ses vibrations, mais celle du représenté, on tombe dans un arbitraire sanguinolent, quand la grandeur n’est plus celle de la composition, mais un pur et simple gonflement du représenté, il n’y a plus d’excitation cérébrale ou de naissance de la pensée. C’est plutôt une déficience généralisée chez l’auteur et les spectateurs. Pourtant, la médiocrité courante n’a jamais empêché la grande peinture ; mais il n’en est pas de même dans les conditions d’un art industriel, où la proportion des œuvres exécrables met directement en cause les buts et les capacités les plus essentielles. Le cinéma meurt donc de sa médiocrité quantitative. »

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