Une intéressante réflexion de G. Deleuze (dans L'Image-Temps, 1985) :
« On peut toujours dire que le cinéma s’est
noyé dans la nullité de ses productions. Que deviennent le suspense d’Hitchcock,
le choc d’Eisenstein, le sublime de Gance, quand ils sont repris par des
auteurs médiocres ? Quand la violence n’est plus celle de l’image et de
ses vibrations, mais celle du représenté, on tombe dans un arbitraire
sanguinolent, quand la grandeur n’est plus celle de la composition, mais un pur
et simple gonflement du représenté, il n’y a plus d’excitation cérébrale ou de
naissance de la pensée. C’est plutôt une déficience généralisée chez l’auteur
et les spectateurs. Pourtant, la médiocrité courante n’a jamais empêché la
grande peinture ; mais il n’en est pas de même dans les conditions d’un
art industriel, où la proportion des œuvres exécrables met directement en cause
les buts et les capacités les plus essentielles. Le cinéma meurt donc de sa
médiocrité quantitative. »
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