Film typique de Cassavetes, très âpre,
difficile, qui explore chaque séquence jusqu'au bout d'elle-même, dans une
espèce d'essentialisme forcené : Cassavetes ira au bout du bout de ce qui peut
être sorti de la scène, de ce qui peut être extrait des personnages. Cette
façon de filmer, radicale, rend le film lourd, difficile, ralentit le rythme (il
se passe peu d’événements, chaque séquence s'étirant en longueur) mais peut
hypnotiser le spectateur qui est pris dans les tourments de Mabel et de son
mari, dans leur relation complexe, parfois malsaine, emplie d'explosions, de
délires, d'exagérations, mais si humaine et si touchante.
Cassavetes met en scène le corps de l'acteur,
son visage, avant même l'histoire de son personnage. Pour Deleuze c’est un
cinéma du corps, c'est-à-dire qui cherche à s'approcher au plus près des personnages pour les sonder avec
le maximum d’acuité.
On a, dans les relations qu'ont les
personnages, une approche extraordinaire de la réalité des interactions : rien
n'est si complexe, rien n'est si contradictoire, étrangement équilibré et
instable qu'un couple.
Gene Rowlands est incroyable, toute de
fragilité dans ses délires ; Peter Falk est touchant, explosif, blessé.
Une femme sous influence est un très grand
film, dans un style unique, et puis, il faut bien le dire : on n’a jamais filmé comme Cassavetes.
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