Film lourd et idéologique qui est
un bel exemple de prêt-à-penser. L'idée n'est pas de chercher à comprendre le problème des
réfugiés qui veulent passer en Angleterre et se retrouvent coincés comme dans
une nasse. Le réalisateur ne réfléchit pas à ce problème et, bien plus, il ne
propose pas non plus au spectateur de réfléchir. Il énonce simplement ses
positions comme autant de vérités d'évidence : le réfugié est bon, la société
est endormie, le flic est un salaud, la loi écrase le bon samaritain, etc. Tout
cela est évidemment exposé par des personnages caricaturaux (comment peut-il en
être autrement ?) : l'ex-femme militante, le flic retors et le personnage
principal (le héros ?), qui, de grand méchant, devient bon, au contact du réfugié
qu'il aide.
Welcome fait partie de cet ensemble de films
militants, qui, sous couvert de la dénonciation d'une situation, propose un
prêt-à-penser impeccable. C'est dommage
car la situation dénoncée est très complexe et ses tenants et aboutissants mériteraient
d'être exposés avec finesse pour que le spectateur ait une chance de
comprendre. Mais là n'est pas ce que cherche P. Lioret, il ne veut pas que le
spectateur se pose des questions, il veut simplement qu’il ressente une
émotion : c'est par l'émotion qu'il cherche à convaincre le spectateur et non
par la réflexion (or voilà bien un exemple où l'émotion doit céder le pas à la
compréhension). Ici il s'agit simplement d'un zoom sur une toute petite partie
du problème, sans en comprendre les causes, sans en chercher les conséquences.
Le spectateur est prié de s'émouvoir – de pleurer le cas échéant – et, ensuite,
de penser comme il faut.
Si le Cinéma est un immense vecteur d'émotion
on ne peut que regretter de voir ici utiliser l'émotion au service d'une idéologie.
On est navré d'apprendre que ce film est
proposé à des collégiens ou des lycéens, prétendument pour les faire réfléchir
au problème posé par les migrants. En utilisant précisément ce film on comprend bien qu'il
ne sera pas demandé aux élèves de réfléchir, mais qu’il s’agit simplement de
leur expliquer ce qu’il faut penser.
On préférera, sur le même thème, Le Havre, le beau film de A. Kaurismäki, qui montre qu'on peut aborder un sujet polémique sans lourdeur ni militantisme, et, surtout, avec une humanité bien supérieure à la vaste caricature qu'est Welcome.
On préférera, sur le même thème, Le Havre, le beau film de A. Kaurismäki, qui montre qu'on peut aborder un sujet polémique sans lourdeur ni militantisme, et, surtout, avec une humanité bien supérieure à la vaste caricature qu'est Welcome.
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