Sublime film de Sirk qui, sous un
aspect qui apparaît kitsch et naïf, propose une vision de l’Amérique à la fois
très critique et très prophétique.
Tout
ce que le ciel permet
est d’abord une critique de l’Amérique des années 50. Critique dure qui prend
comme déclencheur la situation d'une femme veuve qui aime un homme plus jeune
qu’elle (quinze ans les séparent). Qu’il s’agisse du regard de la bonne société ou
de celle de ses enfants, la condamnation est totale : Cary ne peut être
heureuse comme elle l’entend. La scène où ses enfants lui offrent une
télévision pour ne plus qu’elle soit seule est à la fois terriblement
angoissante et terriblement prophétique.
Le reflet de Cary dans la télévision éteinte |
Ron le jardinier qui cultive des plantes dans sa serre d'où il voit les étoiles et quelques arbres au dehors (« si on est impatient, on ne fait pas pousser des arbres ») ; Ron détaché de toute casification sociale, détaché de ce
qui se fait ou ne se fait pas ; Ron qui construit, peu à peu, sa maison –
son moulin – au bord de l’eau : il est la piste à suivre pour que la
société américaine sorte de son carcan et revienne à des fondamentaux assainis.
Sirk propose donc un retour à la Nature – rejoignant l’éthique d’harmonie
proposée par Thoreau – tout en reprenant le mythe fondateur du pionnier qui
construit son habitat.
Il faut remarquer que le film décrit
une société bien différente de celle montrée par N. Ray dans La Fureur de vivre (sorti la même
année) où Jim (James Dean) cherche à secouer la société, en s’opposant à des parents
beaucoup trop traditionnels. Chez Sirk les enfants ont les mêmes préjugés que
les adultes et font partie des forces conformistes les plus puissantes.
Sirk parvient à résumer
son film et son idée dans un ultime plan sublime.Cary découvrant Walden ou la vie dans les bois de H. D. Thoreau |
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