vendredi 4 septembre 2015

Intolérance (Intolerance : Love's Struggle Throughout the Ages de D. W. Griffith, 1916)




Film très ambitieux de Griffith (plus encore que Naissance d’une nation, dont le succès, malgré les critiques, l’a encouragé), au budget colossal (qui transparaît à l’écran avec l’ampleur des décors) et à la narration très novatrice. Griffith installe un grand montage parallèle pour exprimer simultanément quatre époques de l’histoire de l’humanité (l’époque babylonienne, celle de la crucifixion du Christ, celle de la Saint-Barthélemy et une histoire contemporaine).
De même que dans son film précédent Griffith cherche à mettre au même niveau des histoires individuelles (ici celle de Mary Jenkins) avec l’histoire de l’humanité (rien moins que la chute de Babylone ou la crucifixion).
Deleuze y voit une mise en image de l’histoire monumentale nietzschéenne (c’est-à-dire une vision de l’histoire où les grands épisodes se répondent et donnent à avoir un aspect universel) et de l’histoire antiquaire (c’est-à-dire celle qui a un souci archéologique de représentation).
Eisenstein critiquera beaucoup cette vision de l’histoire, puisque jamais Griffith ne s’attarde sur les causes des conflits et des injustices, se contentant de trouver des résonances à travers les époques. On peut comprendre cette critique quand on sait que le cinéma d'Eisenstein est entièrement basé sur le conflit et l'opposition et sur une dénonciation de l'oppression du peuple.


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