Voilà un excellent film
de guerre. Bien sûr c’est un film de propagande, réalisé à chaud, sans recul.
Alors, évidemment, les Américains sont des héros et les Japonais des salauds. Bien,
mais là n’est pas l’essentiel.
L’essentiel est dans le
film lui-même qui présente l’action de guerre de manière sèche, sans autre
ambition que de filmer une course-poursuite à travers la jungle. Et l’énergie
et la fougue du film sont exceptionnelles.
Il semble qu’aujourd’hui on ne cherche plus à simplement filmer l’action de la guerre (peut-être encore
dans La Chute du faucon noir de R.
Scott, mais c’est assez rare). Filmer la guerre est bon pour les séries B et l'on est toujours soupçonné d'en faire l'apologie. Aujourd'hui on cherche, voyez-vous, à faire passer un message sur la guerre. On pourrait s’amuser à
détourner l’expression d’André Bazin qui parlait de « sur-westerns » à propos de westerns qui vont plus loin qu'un simple western classique : on est passé dans le « sur-film
de guerre », où la simple description des combats ne suffit plus, il faut
justifier de montrer la guerre en cherchant à délivrer un message.
Alors bien sûr le risque
est grand que le film finisse par dire un peu bêtement que la guerre, c'est mal.
On y a droit dans Joyeux Noël par
exemple, qui nous offre un message sucré, bien dans l’air du temps mais en soi
complètement inintéressant. On remarquera la faille d’ailleurs : monter en
épingle un événement qui a existé mais de façon tellement rare et ponctuel
qu’il en est exceptionnel. En effet, qu’il y ait eu, sur quatre ans de guerre et
plusieurs millions de combattants des moments ponctuels de fraternisation,
certes, mais que cherche-t-on à prouver ? Que la guerre est absurde ?
Qu'elle est une folie ? Voilà une idée puissante et innovante !
Mais on le sait :
raisonner à partir d’une exception ne mène jamais très loin. Dans Les Sentiers de la gloire Kubrick fait
la même erreur : y sont accumulés une série improbable d'événements rares qui,
additionnés, rendent la thèse du film bien fragile. Mais Kubrick s’en sort (au-delà
de la qualité formelle du film) par le propos qu’il cherche à dégager :
c’est une réflexion sur le sens du devoir, sur le sens des responsabilités, et,
surtout, ce n’est pas un film contre la guerre mais contre le fonctionnement de
l’armée (il n’est pas pacifiste, mais antimilitariste).
On préférera alors les
films qui montrent une réalité beaucoup plus crue : Capitaine Conan nous parle des nettoyeurs de tranchées, de ceux qui
ne font pas seulement la guerre mais la gagne. Le personnage du capitaine Conan
(joué par un très bon Philippe Torreton) ne vit que par la guerre. On pense
évidemment au sergent Croft (joué par Aldo Ray) dans Les Nus et les morts, à propos duquel J. Lourcelles explique très justement qu’il
montre à quel point il n’y a pas de vision humaniste possible de la guerre. De
même le colonel Kilgore dans Apocalypse Now ou encore le sergent instructeur Hartman dans Full metal Jacket. Ce sont des furieux, des guerriers. Incongrus dans notre vie de tous les jours où ils n’ont pas leur place (voir la fin de Capitaine Conan), violents, durs,
agressifs. Certes, mais il en faut pour gagner des guerres. Il faut se souvenir
de la réplique du lieutenant à l’adresse du sergent
jusqu'au-boutiste dans Cote 465 de A. Mann : « Que
Dieu nous protège si, pour gagner cette guerre, il faut des gars comme
vous ».
Mais là, c’est sûr, on
touche une idée bien éloignée de l’actuel pacifisme ambiant
« obligatoire », qui s’avère en fait bien naïf.
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