Très beau film de A. Lewin, exquis et raffiné, et qui
plonge le spectateur dans une atmosphère étrange, à la fois onirique, baroque, fantastique et
tragique.
Le film entremêle plusieurs mythes
et légendes (celle de Pandora, bien sûr, et celle du Hollandais volant) et
multiplie les références (à l’Antiquité, au surréalisme, etc.).
Les couleurs explosent, les plans
sont sophistiqués, Lewin affiche son style avec sérénité : la beauté
plastique du film emporte tout (le chef opérateur J. Cardiff a travaillé
auparavant avec M. Powell et E. Pressburger : on a là des gênes communs
entre ces images somptueuses).
"La mesure d'un amour c'est ce qu'on est prêt à sacrifier pour lui". Pandora fait le malheur des hommes : Reggie et le matador n’y survivent pas. Elle s'éprend du mystérieux Van der Zee, seul sur son yacht ancré dans la baie. Et c'est là qu'elle se met à vivre (elle qui n'était pas émue par le suicide d'un amoureux éconduit) et cette brève existence est immanquablement tragique.
L’interprétation est sublime. Ava
Gardner est une déesse grecque quand elle déambule sur la
plage, elle est alors l’incarnation des statues disséminées sur le sable.
James Mason, comme toujours, est
remarquable et son élégance classique, son phrasé calme incarnent parfaitement
la souffrance de cet homme condamné à errer éternellement. C’est lui qui permet
au film d’émouvoir, de dépasser l’aboutissement esthétique.
La narration est complexe (un
flash-back, puis un flash-back dans le flash-back), elle est portée par le
témoin Geoffrey Fielding qui observe et raconte depuis son appartement
précieux et raffiné. C'est un regard à la fois extérieur à la narration et proche du spectateur qui accompagne Pandora et Van der Zee. Assurément l'un des plus beaux films du Cinéma.
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