Le
film cherche à montrer les arcanes du pouvoir d’une grande banque, avec les
manipulations, les coups bas et l’indifférence de la puissante caste
manipulatrice de la finance (en particulier vis-à-vis des petits employés quand il s’agit de
licencier pour faire plaisir aux actionnaires).
C’est
un film qui cherche à représenter un milieu, le but étant qu’on se dise que
« c’est tout à fait ça ». Bien entendu (on n’en attendait pas moins
de Costa-Gavras) tous les personnages sont caricaturaux, il n’y en a pas un qui
soit différent de l’image que l’on a de ces très grands dirigeants (sans
scrupules, arrivistes, traitres, indécents, hypocrites, avides, etc.), il n’y
en a pas un qui dévie de cette trajectoire assignée.
On
est dans le cinéma militant, celui qui désigne des choses. C’est un cinéma qui
désigne les choses mais qui n’en parle pas : il ne se passe rien en fait
dans le film, rien d’autre que le déroulé de la situation de base, les
personnages se comportant exactement comme on nous a expliqué qu’ils se
comporteraient dès la première minute. La bourse, les grands patrons, les
millions brassés. Il y a même le tonton, lors de la réunion de famille pour
lancer à son grand patron de neveu les habituelles critiques anticapitalistes,
tout aussi caricaturales que l’est le neveu.
Le
cinéma militant qui ne sert qu’à montrer les choses : voilà bien un rôle
assigné au cinéma qui est très réducteur, pour ne pas dire tout à fait vain (on
retrouve le même objectif, et donc la même limite, dans La Loi du marché qui explore l’autre pan du marché du travail). Le
film convaincra les convaincus.
On
préférera, sur le même thème, la dénonciation beaucoup plus cinématographique et fine – et bien
plus féroce – de Cronenberg dans Cosmopolis. Là le réalisateur ne s’emploie pas seulement à montrer,
il va bien au-delà.
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