Très bon film de D. Risi qui tire un
terrible bilan de la société dans laquelle il vit.
Au nom du peuple italien
montre qu’il faut bien trois éléments pour faire un bon film : un bon
scénario, quelqu’un de compétent derrière la caméra et quelqu’un de compétent
devant. C’est la clef de la réussite du cinéma italien des années 60-70, et que l’on
retrouve ici, avec Age et Scarpelli au script, Risi à la réalisation et le duo d’acteurs
Gassman-Tognazzi.
V. Gassman est parfait en homme d'affaires salopard sans scrupule. La séquence où il prend l’auto-stoppeur dans sa
Maserati pour lui déverser tout son mépris est délicieuse. On dirait un sketch
des Monstres. De même pour la
séquence où il veut enfermer sa mère dans un hospice qui est un sketch des Nouveaux monstres.
Le script est très
intelligent : Santenocito est un homme d'affaires combinard, imbu, sans
scrupule, pollueur, mais, malgré toutes ses magouilles, il est toujours passé
au travers du filet de la justice. Mais le voici accusé par le juge Bonifazi
(U. Tognazzi) du meurtre d’une call-girl. Or si Santenocito est coupable de
mille magouilles, pour le coup il est innocent. Le juge finit par découvrir des
preuves de cette innocence. Las, il détruit les preuves et l’inculpe.
Santenocito le salaud
est donc condamné pour la seule saloperie qu’il n’aura pas faite. C’était ça ou
le laisser libre. Voilà bien le terrible dilemme imposé par Risi. La fin
accablante est claire : pour Risi il n’y a pas grand-chose à sauver, c’est
toute la société italienne qui est pourrie.
Risi lui-même explique
très bien comment la réussite du film est dans l’équilibre de ce qui est
dénoncé :
« Le
militantisme m’ennuie à mourir. Je ne suis pas un militant et je ne l’ai jamais
été. Je ne fais ni des films de droite, ni des films de gauche. Je fais des
films qui tentent de décrire ce qu’il y a de pourri dans la société et les
comportements humains. En fait, je pense toujours à l’autre versant d’une
histoire, à l’autre point de vue. J’essaye de considérer tous les points de vue
en même temps et ne pas prendre un seul parti. C’est le contraire du
militantisme. Je déteste le moralisme et je préférerais toujours être
cruel plutôt que de dire la « bonne » parole ou montrer la « bonne »
attitude. La lumière qui part de l’écran pour éclairer le public et lui dire ce
qu’il faut penser, ce n’est pas mon truc »
On pense immédiatement à
tous ces films qui sont des prêt-à-penser impeccables, qui n’attendent qu’une
chose du spectateur : qu’ils avalent le film et en acceptent les idées,
sans avoir à réfléchir pour construire une opinion personnelle. De Costa-Gavras
à M. Moore, ces cinéastes font malheureusement florès.
Tout au contraire, l’une
des clefs de la réussite de la comédie italienne est, comme le dit si bien
Risi, l’intelligence et l’honnêteté de son point de vue qui n’épargne personne.
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