samedi 9 janvier 2016

Au nom du peuple italien (In nome del popolo italiano de D. Risi, 1971)



Au nom du peuple italien Dino Risi Gassman Tognazzi Affiche Poster

Très bon film de D. Risi qui tire un terrible bilan de la société dans laquelle il vit.
Au nom du peuple italien montre qu’il faut bien trois éléments pour faire un bon film : un bon scénario, quelqu’un de compétent derrière la caméra et quelqu’un de compétent devant. C’est la clef de la réussite du cinéma italien des années 60-70, et que l’on retrouve ici, avec Age et Scarpelli au script, Risi à la réalisation et le duo d’acteurs Gassman-Tognazzi.
V. Gassman est parfait en homme d'affaires salopard sans scrupule. La séquence où il prend l’auto-stoppeur dans sa Maserati pour lui déverser tout son mépris est délicieuse. On dirait un sketch des Monstres. De même pour la séquence où il veut enfermer sa mère dans un hospice qui est un sketch des Nouveaux monstres.

Au nom du peuple italien Dino Risi Gassman

Le script est très intelligent : Santenocito est un homme d'affaires combinard, imbu, sans scrupule, pollueur, mais, malgré toutes ses magouilles, il est toujours passé au travers du filet de la justice. Mais le voici accusé par le juge Bonifazi (U. Tognazzi) du meurtre d’une call-girl. Or si Santenocito est coupable de mille magouilles, pour le coup il est innocent. Le juge finit par découvrir des preuves de cette innocence. Las, il détruit les preuves et l’inculpe.
Santenocito le salaud est donc condamné pour la seule saloperie qu’il n’aura pas faite. C’était ça ou le laisser libre. Voilà bien le terrible dilemme imposé par Risi. La fin accablante est claire : pour Risi il n’y a pas grand-chose à sauver, c’est toute la société italienne qui est pourrie.

Risi lui-même explique très bien comment la réussite du film est dans l’équilibre de ce qui est dénoncé :
« Le militantisme m’ennuie à mourir. Je ne suis pas un militant et je ne l’ai jamais été. Je ne fais ni des films de droite, ni des films de gauche. Je fais des films qui tentent de décrire ce qu’il y a de pourri dans la société et les comportements humains. En fait, je pense toujours à l’autre versant d’une histoire, à l’autre point de vue. J’essaye de considérer tous les points de vue en même temps et ne pas prendre un seul parti. C’est le contraire du militantisme. Je déteste le moralisme et je préférerais toujours être cruel plutôt que de dire la « bonne » parole ou montrer la « bonne » attitude. La lumière qui part de l’écran pour éclairer le public et lui dire ce qu’il faut penser, ce n’est pas mon truc »
On pense immédiatement à tous ces films qui sont des prêt-à-penser impeccables, qui n’attendent qu’une chose du spectateur : qu’ils avalent le film et en acceptent les idées, sans avoir à réfléchir pour construire une opinion personnelle. De Costa-Gavras à M. Moore, ces cinéastes font malheureusement florès.
Tout au contraire, l’une des clefs de la réussite de la comédie italienne est, comme le dit si bien Risi, l’intelligence et l’honnêteté de son point de vue qui n’épargne personne.

Au nom du peuple italien Dino Risi Tognazzi

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