jeudi 7 janvier 2016

Autant en emporte le vent (Gone With the Wind de V. Fleming, 1939)




Film immense par son ambition et son impact, Autant en emporte le vent est l’archétype de la superproduction hollywoodienne de studio. Il dépasse bien entendu le simple statut de film pour devenir un élément de la culture d’une époque (le mot culture pris ici au sens large).
L’histoire du film lui-même est évidemment rocambolesque à souhait, le tout étant articulé autour du puissant producteur David O. Selznick qui racheta très rapidement les droits du roman de Margaret Mitchell. À tournage monstre, complexité monstre : on sait George Cukor, Victor Fleming puis Sam Wood ont tour à tour participé à la réalisation, tenue de bout en bout par Selznick.
Tout, ensuite, n’est que démesure : son budget, son casting (Selznick parvenant notamment à débaucher Clark Gable de la MGM et Olivia de Havilland de la Warner), sa durée. On y trouve alors tout ce qui fait le cinéma hollywoodien : les stars, les décors immenses, la musique (célèbre thème de Max Steiner), les couleurs chatoyantes du tout nouveau Technicolor trichrome, etc.
Les personnages – autant que les acteurs – sont immédiatement mythiques, et le film est aujourd’hui l’un des plus célèbres de l’histoire du cinéma et l’un des plus vus. 



Autant en emporte le vent charrie une certaine nostalgie pour les valeurs du Sud, et montre Scarlett O’Hara écartelée entre deux hommes qui sont les deux versants de l’Amérique. Et si Rett Butller qui emporte la mise (grâce au charisme puissant et un peu canaille de Clark Gable), c’est aussi parce que Hasley, l’homme du sud, voit son monde disparaître. Le film, d’ailleurs, fixe aussi certaines représentations : mettant en scène un Sud esclavagiste, il assigne les noirs à une place particulière (la bonne, la nounou gentille et un peu rustre), à première vue sympathique mais bien loin des premiers rôles. Il faudra attendre d’autres films, moins célèbres et donc moins influents (par exemple dans L’Esclave libre de R. Walsh ou dans Le Mirage de la vie de J. Stahl ou dans la version de D. Sirk) pour briser ces représentations. Et le terrible Mandingo de R. Fleischer viendra en 1975 apporter le contre-champ du film épique, virevoltant et haut en couleurs de Fleming.



Le film, pourtant, malgré des scènes célébrissimes, malgré Clark Gable et Vivien Leigh et malgré un souffle épique évident, n’est sans doute pas à la hauteur de sa réputation. C’est l’aura exceptionnelle du film qui lui permet, peut-être, de dépasser son académisme et de passer les années sans trop d’encombre.


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