Film immense par son ambition et son
impact, Autant en emporte le vent est l’archétype de la
superproduction hollywoodienne de studio. Il dépasse bien entendu le simple
statut de film pour devenir un élément de la culture d’une époque (le mot
culture pris ici au sens large).
L’histoire du film lui-même est évidemment
rocambolesque à souhait, le tout étant articulé autour du puissant producteur
David O. Selznick qui racheta très rapidement les droits du roman de Margaret
Mitchell. À tournage monstre, complexité monstre : on sait George Cukor,
Victor Fleming puis Sam Wood ont tour à tour participé à la réalisation, tenue
de bout en bout par Selznick.
Tout, ensuite, n’est que démesure : son
budget, son casting (Selznick parvenant notamment à débaucher Clark Gable de la
MGM et Olivia de Havilland de la Warner), sa durée. On y trouve alors tout ce
qui fait le cinéma hollywoodien : les stars, les décors immenses, la
musique (célèbre thème de Max Steiner), les couleurs chatoyantes du tout
nouveau Technicolor trichrome, etc.
Les personnages – autant que les acteurs –
sont immédiatement mythiques, et le film est aujourd’hui l’un des plus célèbres
de l’histoire du cinéma et l’un des plus vus.
Autant en
emporte le vent charrie
une certaine nostalgie pour les valeurs du Sud, et montre Scarlett O’Hara
écartelée entre deux hommes qui sont les deux versants de l’Amérique. Et si
Rett Butller qui emporte la mise (grâce au charisme puissant et un peu canaille
de Clark Gable), c’est aussi parce que Hasley, l’homme du sud, voit son monde
disparaître. Le film, d’ailleurs, fixe aussi certaines représentations :
mettant en scène un Sud esclavagiste, il assigne les noirs à une place
particulière (la bonne, la nounou gentille et un peu rustre), à première vue
sympathique mais bien loin des premiers rôles. Il faudra attendre d’autres
films, moins célèbres et donc moins influents (par exemple dans L’Esclave
libre de R. Walsh ou dans Le Mirage de la vie de J.
Stahl ou dans la version de D. Sirk) pour briser ces représentations. Et le terrible Mandingo de R. Fleischer viendra en 1975 apporter le contre-champ du film épique, virevoltant et haut en couleurs de Fleming.
Le film,
pourtant, malgré des scènes célébrissimes, malgré Clark Gable et Vivien Leigh
et malgré un souffle épique évident, n’est sans doute pas à la hauteur de sa
réputation. C’est l’aura exceptionnelle du film qui lui permet, peut-être, de
dépasser son académisme et de passer les années sans trop d’encombre.
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