vendredi 22 janvier 2016

Je veux vivre (I Want To Live ! de R. Wise, 1958)




Bon film de R. Wise qui nous fait suivre le terrible destin de Barbara Graham (extraordinaire Susan Hayward, toute en rébellion, en volonté de s’affirmer, et tout à la fois touchante et désemparée) qui est accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis. Le film est découpé en différentes séquences (d’intensité variable : celle du procès étant moins passionnante que les autres) qui vont conduire à une séquence finale exceptionnelle.
En effet la longue dernière séquence – celle de l’exécution sans cesse repoussée – est terrible : elle fourmille de détails réalistes et macabres autour des préparatifs de la chambre à gaz (l’exécution prévue se fait par inhalation de cyanure). Wise excelle dans cette description clinique (on retrouve le même souci de description scientifique que dans Le Mystère Andromède) et le supplice (car il s’agit ici, pour Barbara, d’un supplice) apparaît terriblement inhumain. Rien ne sera épargné à la pauvre Barbara, rien ne sera épargné au spectateur. 


La chambre à gaz
Le déroulement de l'exécution est montré avec force détails : des pastilles de cyanure de potassium sont placées sous la chaise du condamné. Le bourreau les laisse tomber dans un compartiment contenant de l’acide sulfurique : le gaz qui se libère – du cyanure d’hydrogène – est mortel.

Les pastilles de cyanure fixées sous la chaise du condamné
Les pastilles de cyanure plongent dans l'acide

Ce faisant le film se veut un réquisitoire contre la peine de mort. Malheureusement la thèse du film est mise à mal parce que – ici comme dans mille autres films qui traitent du sujet – l'auteur pense être convaincant en usant de l'argument d'un innocent qui est condamné à mort. Or il s'agit d'une confusion entre deux problèmes bien différents : celui de l'erreur judiciaire n'ayant rien à voir avec celui de la peine de mort.
La séquence de l’exécution le montre bien : que Barbara soit une innocente victime ou qu'elle soit une meurtrière ne change rien, le châtiment qu'elle subit (être asphyxiée par des gaz mortels !) est inhumain. On voit bien, d'ailleurs, que les policiers et les bourreaux qui officient la traitent avec gentillesse et tentent de l'épauler, non pas parce qu'ils pensent que Barbara est innocente, mais bien parce qu'ils savent l'horreur de ce qui l'attend.
Pourtant il est bien évident que quelque soit le châtiment subi par Barbara il sera terrible puisqu'elle est innocente. Dès lors le film – la thèse – gagnerait en puissance en nous montrant un meurtrier réellement coupable – coupable de crimes terribles même. Car c'est là que la peine de mort peut être réellement contestée : lorsque ce châtiment continue d'apparaître comme véritablement inhumain, quand bien même il est appliqué à ceux qui le méritent.
Il faut remarquer que cette erreur de raisonnement (erreur qui pense accroître la puissance d'une thèse quand elle ne fait que la saper totalement) se retrouve dans d'innombrables films traitant du sujet, depuis L'Etrangleur de la place Rellington de R. Fleisher à La Vie de David Gale de A. Parker en passant par La Ligne verte de F. Darabont, et même jusqu'à l'admirable Invraisemblable vérité de F. Lang (qui brille heureusement par d'autres feux que cette seule approche de la peine de mort).

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