Important film
de King Vidor, qui permet de mesurer l’écart parcouru par le
cinéaste durant sa carrière : alors qu’il a mis en avant dans de nombreux
films l’importance de la communauté, des humbles gens, de la complémentarité
entre les talents de chacun (par exemple dans La Foule ou Notre pain
quotidien), il délivre ici un hymne au génie individuel, devant lequel la
foule n’a qu’à s’incliner. Dans Le Rebelle, l’esprit
libre, individuel, s’exprime au travers de sa création.
Le style de
Vidor éclate dans le film : les décors sont expressionnistes, les jeux de
plongé-contre-plongés sont accentués, tous les traits de style sont appuyés.
Les métaphores sont nettes et sans fioritures (la séquence dans la carrière,
par exemple, avec Patricia Neal qui peine à se retenir devant Gary Cooper en
sueur en train de manier son marteau-piqueur). Ce style si caractéristique
(qu’on retrouve dans le jeu très marqué de Patricia Neal) a sans doute vieilli
aujourd’hui mais il est un mélange de la volonté très forte d’appuyer le trait
de la part de Vidor et de la bride forcée qui enserre Hollywood.
Gary Cooper reste
lui fidèle à son jeu habituel, tout en intériorité. Il reste laconique
dans le film, hormis l'étonnante tirade lors de son procès, extrêmement longue, et qui résume la
pensée profonde du réalisateur.
Si l’architecte Frank Lloyd Wright inspire le personnage de Howard Roark, la part d’autobiographie entre Roark et Vidor est manifeste : lui qui a si souvent été bridé par les studios, lui qui, aussi, ne doute pas une seconde de son très grand génie, a mis beaucoup de lui-même dans cet architecte qui refuse aux promoteurs la moindre concession et devant lequel le monde ne peut que s’agenouiller.
L’image finale,
avec la contre-plongée
délirante de Roark en haut de son building, est remarquable.
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