Très grande réussite de Bertrand Blier dans un cinéma absurde, froid, distant, au ton
tragi-comique qui empile les cadavres et les situations ionesciennes.
Dans ce film unique à bien des égards, Blier inverse tous les postulats habituels : les relations de cause et de conséquences ne fonctionnent plus, il filme normalement des scènes anormales, les réactions sont opposées à ce qui devrait être (l'assassin plus marqué par la mort de la femme que le mari). Cette inversion ne pouvait se faire qu'une fois : Blier ne procèdera plus de la sorte. Lui qui aime choquer ou bien par le ton (Les Valseuses), le sujet (Beau-père) ou désarçonner le spectateur ne jouant de la grammaire du cinéma elle-même (Merci la vie), explore ici l'absurde, se rapprochant de l'univers de Buñuel (celui du Fantôme de la liberté ou du Charme discret de la bourgeoisie). Depardieu, Blier père et Carmet sont parfaits dans des rôles au ton très difficile à trouver. Michel Serrault épate dans la légendaire séquence d'introduction (séquence très difficile à jouer, où tout ne tient qu'à un fil).
Les
décors épurés, géométriques, dans une urbanité déserte d’abord, puis
dans une nature froide, participent au ton étrange et irrationnel du film. Ils construisent un univers de solitude et de déshumanisation qui entoure et étreint les personnages.
Les
dialogues sont savoureux, dès la première séquence qui installe le spectateur
dans l’univers de Blier et donne d'emblée le
ton du film, celui d’un humour noir un peu mélancolique, à la fois grinçant, solitaire et désabusé.
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