Le style sublime
d’Ophüls, lumineux, calme, virtuose, fait naître une émotion extraordinaire et
dessine le portrait d’une romantique au destin tragique. La maîtrise technique parfaite
du réalisateur distille une mélancolie qui accompagne la douleur de la jeune
femme et enveloppe la narration d’une beauté sombre extraordinaire.
A la légèreté de
Stefan (admirable Louis Jourdan) répond la gravité et le masque tragique de Lisa
(Joan Fontaine, déchirante) qui passe de la fascination à la douleur. La lettre
reçue fait découvrir à Stefan qu’il vient de perdre ce qu’il ne savait même pas
posséder.
La construction habile
et rigoureuse, la narration en flash-backs, les choix du réalisateur (il fait
une ellipse sur l’étreinte entre les amants, duquel naitra l’enfant), l’inventivité
visuelle (le faux voyage en train, le célèbre fondu enchaîné où, au départ du
train de Stefan, succède une religieuse qui s’avance, marquant une ellipse
temporelle étonnante), tout cela emmène le film vers le sublime et l’émotion,
palpable de plus en plus à mesure que la douloureuse histoire se révèle.
Et Ophüls
choisit de relier les deux amants : Stefan rend hommage à Lisa,
tardivement, comme une rédemption, en allant à ce duel mortel.
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