samedi 28 mai 2016

Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman de M. Ophüls, 1948)




Le style sublime d’Ophüls, lumineux, calme, virtuose, fait naître une émotion extraordinaire et dessine le portrait d’une romantique au destin tragique. La maîtrise technique parfaite du réalisateur distille une mélancolie qui accompagne la douleur de la jeune femme et enveloppe la narration d’une beauté sombre extraordinaire.
A la légèreté de Stefan (admirable Louis Jourdan) répond la gravité et le masque tragique de Lisa (Joan Fontaine, déchirante) qui passe de la fascination à la douleur. La lettre reçue fait découvrir à Stefan qu’il vient de perdre ce qu’il ne savait même pas posséder.


La construction habile et rigoureuse, la narration en flash-backs, les choix du réalisateur (il fait une ellipse sur l’étreinte entre les amants, duquel naitra l’enfant), l’inventivité visuelle (le faux voyage en train, le célèbre fondu enchaîné où, au départ du train de Stefan, succède une religieuse qui s’avance, marquant une ellipse temporelle étonnante), tout cela emmène le film vers le sublime et l’émotion, palpable de plus en plus à mesure que la douloureuse histoire se révèle.


Et Ophüls choisit de relier les deux amants : Stefan rend hommage à Lisa, tardivement, comme une rédemption, en allant à ce duel mortel.


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