Le
Psycho de G. Van Sant est un remake
au sens le plus strict du terme. Il ne s’agit pas d’un remake simplement inspiré par le film de départ (par exemple Obsession de
De Palma qui est un remake de Vertigo),
mais d’un film qui reprend séquence par séquence (et quasiment plan par plan) Psychose, le film initial, et qui en garde les dialogues et même la musique. Il s’agit donc,
au sens strict, d’un film maniériste, c’est-à-dire « à la manière
de ». Le concept de maniérisme étant même poussé jusqu’à son point le plus
extrême puisqu’il s’agit de refaire exactement le même film.
Anne Heche... |
...reprend le rôle de Janet Leigh |
Exactement
pas tout à fait. C’est évidemment dans certains détails, qui différencient les deux
films, que se situe tout l’intérêt du second.
Tout
d’abord G. Van Sant choisit de ne pas reproduire le choc principal d’Hitchcock :
la mort de son actrice star au tiers du film. Au-delà de la célébrité du film initial, qui peut
avoir vendu la mèche même pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, Van Sant décide
de ne pas chercher à choquer le spectateur et à ne pas le laisser désemparé comme Hitchcock
l’avait fait. Il choisit donc une actrice peu connue et, même, utilise une star
(Viggo Mortensen) mais pour le rôle secondaire de Sam qui non seulement ne meurt
pas mais permet d’arrêter Norman Bates. Le spectateur n’est donc pas sidéré
comme avec Hitchcock par la mort de Marion : sa star est toujours dans le
coup et pourra intervenir plus tard.
Ce
choix est très révélateur : Van Sant s’adresse donc à des spectateurs qui
ont déjà vu Psychose et pour
lesquels, de toute façon, on ne peut reproduire le choc initial de la première
vision du film. De même, à l’appui de cette idée, Van Sant sait très bien que
les deux personnages de Marion Crane et de Norman Bates sont ancrés dans
l’imaginaire du spectateur cinéphile qui ne cessera, inévitablement, de
comparer Vince Vaughn et Anne Heche à leurs illustres prédécesseurs, Anthony
Perkins et Janet Leigh. On se dit que l’idéal serait de pouvoir voir les deux
films simultanément et ainsi goûter son plaisir, comparer, comprendre, rejouer
pour soi chaque séquence.
Vince Vaughn... |
...reprend le rôle de Norman Bates |
Ensuite,
malgré tout, Van Sant a modifié quelques séquences.
Il a d’abord tiré parti des évolutions techniques. Dès le plan-séquence d’ouverture, Hitchcock avait dû faire un raccord (habilement masqué mais raccord quand même) pour permettre à la caméra d’entrer dans la chambre où se trouvent Marion et Sam. Van Sant, avec les possibilités du numérique glisse sans problème et balaie les contraintes que subissaient Hitchcock. Autre exemple fameux : lorsque Hitchcock fixe l’œil mort de Marion gisant sur le carrelage de la salle de bain et qu’il s’en écarte lentement, on sait qu’il dût interrompre son plan-séquence par une vue de la douche pour reprendre ensuite le chemin de la caméra car Janet Leigh a bougé et qu’il fallut couper le clignement d’œil au montage. Van Sant s’amuse à faire tourner sur elle-même la caméra tant et plus – figure tournante qui poursuit la vue de la bonde de la baignoire où s’écoule une eau teintée de sang. Il semble ici que Van Sant ait réalisé ce qu’Hitchcock aurait fait s’il avait pu le faire.
Il a d’abord tiré parti des évolutions techniques. Dès le plan-séquence d’ouverture, Hitchcock avait dû faire un raccord (habilement masqué mais raccord quand même) pour permettre à la caméra d’entrer dans la chambre où se trouvent Marion et Sam. Van Sant, avec les possibilités du numérique glisse sans problème et balaie les contraintes que subissaient Hitchcock. Autre exemple fameux : lorsque Hitchcock fixe l’œil mort de Marion gisant sur le carrelage de la salle de bain et qu’il s’en écarte lentement, on sait qu’il dût interrompre son plan-séquence par une vue de la douche pour reprendre ensuite le chemin de la caméra car Janet Leigh a bougé et qu’il fallut couper le clignement d’œil au montage. Van Sant s’amuse à faire tourner sur elle-même la caméra tant et plus – figure tournante qui poursuit la vue de la bonde de la baignoire où s’écoule une eau teintée de sang. Il semble ici que Van Sant ait réalisé ce qu’Hitchcock aurait fait s’il avait pu le faire.
Van Sant a également revu le montage
des plans de la séquence de la douche, en rajoutant quelques plans, notamment
des plans subliminaux (totalement absents chez Hitchcock) d’un ciel nuageux,
d’un iris en très gros plan. Il fait de même lors du meurtre d’Arbogast où il
insert des vues étranges (une femme nue masquée, un mouton perdu sur une
route).
On constate aussi que les séquences
les moins virtuoses, celles en classique champ-contre-champ sont très peu
modifiées.
Van Sant a donc repris fidèlement la construction d’Hitchcock, se contentant de mettre son grain de sel sur les séquences les plus virtuoses ou les plus frappantes (les deux meurtres et aussi la révélation finale de la mère momifiée).
Van Sant a donc repris fidèlement la construction d’Hitchcock, se contentant de mettre son grain de sel sur les séquences les plus virtuoses ou les plus frappantes (les deux meurtres et aussi la révélation finale de la mère momifiée).
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