jeudi 9 juin 2016

Night Call (Nightcrawler de D. Gilroy, 2014)




Film assez quelconque, qui se veut une dénonciation violente et jusqu’au-boutiste des médias américains avides d’audimat, doublée d’une attaque sur les valeurs de travail de l’Amérique.
Le film montre comment Lou Bloom (Jake Gyllenhaal), jeune homme paumé qui bidouille comme il peut pour survivre, parvient à percer dans le monde des cameramen free-lance qui vendent leurs images chocs aux chaînes de télé. L’idée est alors d’arriver le plus vite possible sur place en cas d’accident ou de crime. Le top du top étant d’arriver avant même la police et de filmer en gros plan les cadavres ensanglantés. Le trait est très forcé, mais le ton est largement cynique.
Le film montre aussi comment Lou pervertit les valeurs américaines à son profit. En effet, non sans un certain humour noir glaçant, Lou analyse froidement, et avec une application sérieuse, les situations et les opportunités pour développer sa petite entreprise naissante, sans aucune considération morale mais simplement sur des critères d’offre et de demande ou de marketing. Il développe sa boîte, voilà tout. Le seul aspect réussi du film est, outre la composition de Gyllenhaal (mais sur un personnage sans finesse, sans complexité), de parvenir, par moment, à distiller une ambiance pesante et pessimiste.
Mais la dénonciation porte peu. Le problème est que le cynisme a bon dos : il n’y a rien de bien novateur dans ce film hautement caricatural. Lou représente une forme moderne d’aliénation et il incarne toute la perversion des valeurs américaines ; la journaliste représente le point le plus poussé de la course à l’image sans moral. Et cela n’ira pas plus loin. Les personnages sont rapidement posés, il ne sera rien dit ou rien montré d’autre.

Enfin, pour juger de l'originalité du propos, on ne manquera pas de rappeler que d'autres films, déjà, et pour certains il y a fort longtemps, ont dénoncé le cynisme des médias, avec force ou violence. On pense au Caméraman (1928), au Gouffre aux chimères (1952) ou encore à Network (1976). Rien de neuf sous le soleil, donc, avec Night Call.

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