Alors
que le film reprend les grandes lignes de l’affaire DSK (présentation du
personnage orgiaque, agression à l’hôtel, arrestation, passage en prison,
libération sous caution dans une maison de New York, explications avec sa femme),
l'histoire, au départ convenue et manquant de surprise, prend une direction
étonnante, surtout du fait de l’interprétation qu’en fait Gérard Depardieu.
Le
film dépeint en effet un personnage de plus en plus différent de l’image que l’on
a de DSK (image peu flatteuse s’il en est) et de ce que laisse supposer le
début du film. Progressivement, on aperçoit un Devereaux (patronyme du
personnage haut placé et potentiel futur président de la France qui voit tout s’écrouler
après son agression d’une femme de ménage à New York) complètement dépassé par
sa maladie (c’est ainsi qu’il décrit sa propension à sauter sur toutes les
femmes qu’il croise) et qui n’existe pas en lui-même : c’est sa femme qui a
de grandes ambitions pour lui (il est sa chose, il sert son beau projet). C’est
elle qui a l’argent, les relations, l’ambition. Elle manipule et œuvre en
coulisse et lui se laisse porter.
C’est
ainsi que Depardieu construit un Devereaux qui ne se bat pas. Non pas sur le
plan judiciaire (il veut éviter la prison) mais sur le plan de son avenir
professionnel (peu lui importe que la course à la présidence lui soit
interdite) et de ce qu’il est et risque de devenir (un monstre paria). Depardieu
apparaît très à l’aise avec son corps obèse (il se montre tout à fait nu dans
la séquence de la prison), il souffle quand il faut se lever et geint quand il faut
se baisser pour enfiler ses chaussettes. Et il parvient à sortir Devereaux de la caricature (entre des rapports sexuels rapides et à grands renforts de
grognements, il vit une étonnante relation, douce et tendre, avec une jeune
juriste), et on comprend que Devereaux, détesté par les uns, manipulé par sa femme, soumis à sa "maladie", ne souhaite pas être sauvé. Devereaux rejette le
monde, alors que peut bien lui faire que le monde le rejette ? On sort alors du
simple biopic sur DSK en allant vers un personnage beaucoup plus romanesque et qui
doit beaucoup à Ferrara et Depardieu.
A
noter le très bon regard final de Depardieu, qui, à la fois, condamne complètement
son personnage et interpelle le spectateur, quant à son désir d’avoir voulu
voir le film.
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