Intéressant thriller
belge, malheureusement handicapé par un scénario trop simple et
prévisible (en dehors de la petite surprise finale, certes, mais qui ne peut à elle remettre en
cause les tenants et aboutissants assez simples de l’histoire). Le film pâtit aussi d’une
réalisation trop démonstrative et percutante, comme si le réalisateur n’avait
pas assez confiance en son histoire (on peut le comprendre) ou en ses acteurs
(ce qui est regrettable, l’interprétation est un des points forts du film).
Mais
le réalisateur est très ambitieux : le film se
veut spectaculaire, esthétique, ponctué de musiques qui enveloppent l’action
et de scènes coups de poing. On a là un cocktail moderne que l’on
retrouve par exemple dans les films de N. Winding Refn ou D. Cianfrance. Dave,
le frère au centre du film, par son mutisme, évoque le driver de Drive. Mais, à vouloir aller un peu dans
toutes les directions, le film se perd en route : un peu chronique sociale
(la confrontation complexe de deux frères), un peu thriller (l’angoisse née de
la situation et qui enveloppe le film), un peu film noir sordide (toute la dernière
partie dans les Ardennes), mais il passe finalement un peu à côté de chacun de ces
genres.
Le film commençait en effet de façon certes peu originale (un triangle
amoureux avec deux frères qui s’opposent) mais en lorgnant du côté de Ken Loach
(environnement social sinistré, thérapie de groupe pour une ancienne droguée, sortie
de prison, etc.) avec des personnages bien campés et on espérait un développement
de cet aspect (les deux frères tiraillés dont l’un incontrôlable, la petite amie au
milieu, la mère perdue qui ne sait que faire). Mais cette situation ne sera
guère travaillée et les personnages ne seront pas vraiment épaissis : c’est
vers une explosion de violence que le réalisateur choisit de faire évoluer le conflit
fraternel. Le film change alors complètement de registre en s’échappant vers
le thriller et Pront emmène son petit monde au cœur de la forêt pour une fin
gore et sordide : laissant en plan le regard social du début, son film s'achève en découpage de corps au hachoir. A vouloir trop en
faire dans son film, le réalisateur s’est un peu égaré en chemin.
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