mercredi 19 octobre 2016

Real (K. Kurosawa, 2013)




Très bon film de K. Kurosawa qui montre là son grand talent : on le voit jouer avec les images et jongler avec les périodes de temps, dans cette histoire qui trouve un bel équilibre entre onirisme, romance et science-fiction.
Kurosawa dissémine dans son film des indices qui annoncent le basculement principal (c’est Atsumi qui vient en aide à Koichi et non l’inverse) et annoncent aussi le traumatisme subi par le couple.
Ainsi, si le film fait penser à Inception (de par cette entrée dans les rêves), il apporte ce qui manque sans doute au film de Nolan, à savoir des indices visuels, par exemple le cercle dessiné sur le dos de la main de Koichi qui apparaît ou disparaît, l’apparition énigmatique et récurrente d’un garçon ou de cadavres, la bonne trouvaille visuelle des « zombies philosophiques » (dont la représentation évoque eXistenZ), etc. Ces indices signent l’étrangeté et la dimension onirique du récit et provoquent un doute et un malaise chez le spectateur qui sent que la réalité et l’imaginaire se confondent de plus en plus. Autrement dit, Kurosawa ne s’appuie pas seulement sur le scénario mais aussi sur l’image pour déstabiliser le spectateur et créer une tension et un désarroi.
Le film fait aussi directement référence à Je t’aime, je t’aime d’A. Resnais, dont il adapte l’idée principale (une machine qui permet de voyager dans le passé) et reprend le jeu d’images étranges et sans logique. Mais là où Resnais procède par de brusques coupures et un montage volontairement désordonné, Kurosawa se plait à fondre ses images, à les brouiller, à les enfermer dans le noir (dans de beaux jeux de lumière). Et Kurosawa donne de nouvelles dimensions (onirique et fantastique) à ce qui n’est, chez Resnais, qu’un drame romantique traité de façon très intellectuelle.


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