Film assez
décevant de James Gray, qui manque incontestablement d’un souffle épique qu’il
recherche pourtant. L’histoire de Fawcett promettait d’être fascinante mais
elle se suit assez mollement, avec des ruptures de rythme, de grandes ellipses
et de (trop) longues scènes intimistes convenues qui font passer bien peu
d’émotion.
Si Fawcett part
à reculons pour son premier voyage en Amazonie, on comprend qu’il se passionne
pour ce qu’il découvre. On comprend que, par défi face au rejet de ses pairs,
il s’obstine ; on comprend ensuite, que, peu à peu, la passion tourne à
l’obsession. On comprend tout cela mais on ne le ressent pas. On n’entre pas
dans le cerveau de Fawcett, dans sa monomanie, dans son obnubilation.
Quelques belles
images, une reconstitution appliquée, un aperçu des croyances des élites
intellectuelles de l’Angleterre au début du XXème siècle, cela ne suffit guère
pour un film de cette ampleur et avec une telle ambition.
Il faut dire que
ces films d’aventure et d’exploration sont un peu coincés entre deux tendances.
Ou bien le film lorgne du côté de l’aventure pure, avec de l’action, des
rebondissements, des découvertes (on pense alors à Indiana Jones qui s’impose comme référence) ; ou alors le film
cherche à entrer dans le crâne de l’explorateur, au plus près de ses sensations
ou de sa folie. On pense alors à Aguirre,
à Dersou Ouzala, au Nouveau monde ou, pourquoi pas, pour un
film à la frontière entre plusieurs genres, à Apocalypse Now. Le film de Gray lorgne évidement du côté de ce
second groupe (Aguirre est cité plusieurs fois) et l’histoire a tout pour construire un tel type de
récit avec un Fawcett qui est d’abord piégé par sa condition et bientôt
par son destin : découvrir cette cité qui l’obsède. Et sa relation à son
fils aîné permettait un effet démultiplicateur (fils délaissé longtemps et
finalement alter ego auprès duquel il se sent un passeur).
Mais, si le film
délaisse clairement le pur récit d’aventure, il ne parvient pas non plus
aller au-delà de quelques moments ou de quelques images : il n’y a rien
derrière les images, rien qui ne vienne les hanter.
L’image finale
recèle ce que le film aurait pu montrer : immerger Fawcett dans la jungle,
même quand il est en Angleterre auprès des siens. Mais cette très belle image
(sa femme, vue dans un miroir, qui s’enfonce dans la jungle), ne fait que
ressentir davantage ce qui manque au film.
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