mercredi 29 mars 2017

The Lost City of Z (J. Gray, 2016)




Film assez décevant de James Gray, qui manque incontestablement d’un souffle épique qu’il recherche pourtant. L’histoire de Fawcett promettait d’être fascinante mais elle se suit assez mollement, avec des ruptures de rythme, de grandes ellipses et de (trop) longues scènes intimistes convenues qui font passer bien peu d’émotion.
Si Fawcett part à reculons pour son premier voyage en Amazonie, on comprend qu’il se passionne pour ce qu’il découvre. On comprend que, par défi face au rejet de ses pairs, il s’obstine ; on comprend ensuite, que, peu à peu, la passion tourne à l’obsession. On comprend tout cela mais on ne le ressent pas. On n’entre pas dans le cerveau de Fawcett, dans sa monomanie, dans son obnubilation.
Quelques belles images, une reconstitution appliquée, un aperçu des croyances des élites intellectuelles de l’Angleterre au début du XXème siècle, cela ne suffit guère pour un film de cette ampleur et avec une telle ambition.


Il faut dire que ces films d’aventure et d’exploration sont un peu coincés entre deux tendances. Ou bien le film lorgne du côté de l’aventure pure, avec de l’action, des rebondissements, des découvertes (on pense alors à Indiana Jones qui s’impose comme référence) ; ou alors le film cherche à entrer dans le crâne de l’explorateur, au plus près de ses sensations ou de sa folie. On pense alors à Aguirre, à Dersou Ouzala, au Nouveau monde ou, pourquoi pas, pour un film à la frontière entre plusieurs genres, à Apocalypse Now. Le film de Gray lorgne évidement du côté de ce second groupe (Aguirre est cité plusieurs fois) et l’histoire a tout pour construire un tel type de récit avec un Fawcett qui est d’abord piégé par sa condition et bientôt par son destin : découvrir cette cité qui l’obsède. Et sa relation à son fils aîné permettait un effet démultiplicateur (fils délaissé longtemps et finalement alter ego auprès duquel il se sent un passeur).
Mais, si le film délaisse clairement le pur récit d’aventure, il ne parvient pas non plus aller au-delà de quelques moments ou de quelques images : il n’y a rien derrière les images, rien qui ne vienne les hanter.
L’image finale recèle ce que le film aurait pu montrer : immerger Fawcett dans la jungle, même quand il est en Angleterre auprès des siens. Mais cette très belle image (sa femme, vue dans un miroir, qui s’enfonce dans la jungle), ne fait que ressentir davantage ce qui manque au film.

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