On retrouve dans
ce film la patte particulière de Greenaway, qui distille une certaine
étrangeté, de par l’ambiance (la bande originale est remarquable), les
personnages et le milieu qu’il explore, plein de manières, de faux-semblants et
d’hypocrisie.
Greenaway
s’amuse à découper son histoire en différents actes qui produisent un ensemble
emberlificoté mais plaisant. M. Neuville, peintre, croit discerner et saisir le
sens caché des bizarreries qu’il voit et de la situation dans laquelle il se
trouve entraîné. Mais, en réalité, en même temps que l’on commence à
comprendre ce qu’il pense avoir compris, on découvre qu’il s’est fait
complètement mener en bateau et qu’il est coincé dans une situation
inextricable qui lui sera fatale. Neuville, qui cherche à disséminer avec
beaucoup d’intelligence les indices de ce qu’il découvre, passe en réalité
complètement à côté du complot ourdi contre lui.
Mais, au-delà de
l’intrigue qui se resserre sur le peintre prétentieux, c’est surtout le style
de Greenaway qui fait mouche. Dans un ensemble très esthétique et érudit, il
joue avec un plaisir évident à disposer un peu partout le cadre de bois qui
sert au peintre à fixer ses plans, il s’amuse d’axes étranges, il accole les
dessins et les vues réelles et il s’amuse de la représentation entre le dessin,
l’illusion de l’image et la réalité (à laquelle le spectateur n’a pas accès).
Si l’histoire est somme toute assez simple (il s’agit, en fin de compte, d’un
petit piège sordide dans lequel le peintre plonge), le film est rendu très
plaisant.
L’Hypothèse du tableau volé, de Raoul Ruiz,
est clairement évoqué. On retrouve cet assemblage de tableaux (ici de dessins)
qui, mis bout à bout, racontent une histoire et dévoilent ce qui est caché aux
yeux de tous.
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