samedi 15 juillet 2017

Little Big Man (A. Penn, 1970)




Très important western d’Arthur Penn, qui s’amuse à prendre le contre-pied de bien des mythes de l’Ouest institués depuis longtemps par le cinéma et, se faisant, rompt avec eux.
Du général Custer jusqu’au nettoyeur de ville Wild Bill Hicock, chaque personnage de légende en prend pour son grade. Mais c'est évidemment le traitement des Indiens qui est complètement revu : la fameuse séquence de l'attaque du camp cheyenne par l'armée, au son du Garryowen du 7ème de cavalerie, est remarquable : la dénonciation du massacre des Indiens ne pouvait être plus claire. Cette séquence qui fait écho, pour les premiers spectateurs du film, au massacre de My Lai, montre ainsi combien la guerre du Vietnam a nourri la prise de conscience du massacre des Indiens, et montre aussi combien, en retour, le cinéma, en s'appuyant sur le massacre des Indiens, dénonce les crimes commis au Vietnam.
Cela dit, si le film est fondamental dans l'histoire du western et s'il est un des westerns révisionnistes les plus importants, il est assez inégal. A des séquences très réussies, répondent d'autres moments plus laborieux, lents ou à la dénonciation facile.

Présenté comme un immense flash-back, le film démarre ensuite comme le contre-champ de La Prisonnière du désert : la situation initiale est la même que dans le film de Ford (la capture d'un Blanc par des Indiens est un motif classique du western), mais cette fois traitée différemment puisqu'on suit le devenir de ce garçon au sein de sa tribu.
Jack Crabb (bon rôle de Dustin Hoffman qui donne une incessante naïveté à son personnage d’anti-héros) ne cessera ensuite d’être bringuebalé, passant sans cesse des Indiens aux Blancs, ce qui permet à Arthur Penn de régler son compte aux mythes de l’Ouest. Jack va donc de rencontre en rencontre au sein des deux univers, et le portrait brossé progressivement montre la violence et la culpabilité de l’homme Blanc (depuis le ridicule des grandes figures prétendument héroïques jusqu’aux batailles qui sont autant de massacres) alors que la sagesse est indienne. Sur ce dernier point le film va très loin puisqu'il rétablit la primauté des Dieux Indiens (le Grand-père, auquel les Indiens accèdent par leur esprit contemplatif et respectueux de la Nature) sur le Dieu des chrétiens (le Père). C’est ainsi rien moins que la Destinée manifeste elle-même qui est balayée par le film, achevant la révision du mythe cinématographique au profit de la réalité historique.



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