Magnifique
film de Paul Thomas Anderson, qui dépasse le thème fameux de la grandeur et de
la décadence, en l’accomplissant en quelque sorte : la grandeur, nous dit
Anderson, ne peut se construire sans décadence. L’une n’est pas possible sans
l’autre. Il n’y a pas une grandeur puis une décadence : la grandeur
apparente de Daniel Plainview n’est possible qu’au travers de sa déchéance
morale.
La
première séquence, sans parole, est remarquable et elle permet de lancer le
personnage avec une force et une puissance étonnante. Le film, évidemment,
tourne autour de Daniel Plainview, incarné par un Daniel Day-Lewis fabuleux
(comme toujours) qui incarne ce personnage névrosé, insatiable et misanthrope
qui finira par s’aliéner la société entière. Même son fils adoptif semble davantage un moyen d’acquérir une respectabilité sociale que de manifester un dévouement paternel. Il
sera abandonné, et son faux-frère tué sans hésitation ni considération morale.
La
mise en scène est brillante, multipliant les jeux de caméra (avec des
verticalités magistrales), les brusqueries, les métaphores, les échos entre les
images. Anderson se resserre sans cesse sur son personnage, jusqu’à le montrer
perdu dans sa névrose, égaré dans son vaste palais où sa grandeur s’achève dans
un bain de sang.
On
pense inévitablement au célèbre (mais assez moyen) Géant de G. Stevens qui traite en fait du même sujet (la
prospection de pétrole), et à Écrit sur du vent, l’excellent film de D. Sirk.
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