vendredi 24 novembre 2017

Phase IV (S. Bass, 1974)




L'unique film de Saul Bass est une réussite. Le scénario reprend un des points de départ du film Des monstres attaquent la ville mais avec plus de finesse : si fourmis mutantes il y a, elles ne sont pas devenues gigantesques, mais elles sont devenues plus intelligentes. Faisant honneur à ses génériques légendaires, Saul Bass innove génialement en filmant en très gros plans les fourmis, qui prennent une dimension monstrueuse à l’écran. Nul besoin de monstres caoutchouteux, il suffit de jouer avec les échelles de taille. Et si leur nombre et leur altruisme font leur force, c’est leur petitesse qui les rend inarrêtables, puisqu’elles s’immiscent inexorablement partout et deviennent individuellement impossibles à attraper par l’homme (très bonne séquence de Hubbs qui fouille vainement parmi les composants électroniques pour débusquer l’intrus).
Les scientifiques, forts de leur technologie, croyaient progressivement prendre l’aval sur les fourmis, mais, en les sous-estimant, ils deviennent peu à peu non pas leur proie, comme on le suppose d’abord, mais leur objet d’expérience. Subtil retournement où l’expérimentateur devient le cobaye.



Quelques images terribles parsèment le film, même si Bass utilise le plus souvent la litote pour évoquer l’horreur. Il relie aussi son film aux grands classiques du film d’horreur, avec Them! ou La Mouche noire de Kurt Neumann, qui est évoquée par le bras de plus en plus enflé de Hubbs ou encore L’Homme qui rétrécit de Jack Arnold, avec ces séquences qui jouent sur des différences d’échelle qui jaillissent à l’image.



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