L'unique film de
Saul Bass est une réussite. Le scénario reprend un des points de départ du film
Des monstres attaquent la ville mais
avec plus de finesse : si fourmis mutantes il y a, elles ne sont pas
devenues gigantesques, mais elles sont devenues plus intelligentes. Faisant
honneur à ses génériques légendaires, Saul Bass innove génialement en filmant
en très gros plans les fourmis, qui prennent une dimension monstrueuse à
l’écran. Nul besoin de monstres caoutchouteux, il suffit de jouer avec les
échelles de taille. Et si leur nombre et leur altruisme font leur force, c’est
leur petitesse qui les rend inarrêtables, puisqu’elles s’immiscent
inexorablement partout et deviennent individuellement impossibles à attraper par
l’homme (très bonne séquence de Hubbs qui fouille vainement parmi les
composants électroniques pour débusquer l’intrus).
Les
scientifiques, forts de leur technologie, croyaient progressivement prendre l’aval
sur les fourmis, mais, en les sous-estimant, ils deviennent peu à peu non
pas leur proie, comme on le suppose d’abord, mais leur objet d’expérience. Subtil
retournement où l’expérimentateur devient le cobaye.
Quelques images
terribles parsèment le film, même si Bass utilise le plus souvent la litote
pour évoquer l’horreur. Il relie aussi son film aux grands
classiques du film d’horreur, avec Them!
ou La Mouche noire de Kurt Neumann, qui est évoquée par le bras de plus en plus
enflé de Hubbs ou encore L’Homme qui
rétrécit de Jack Arnold, avec ces séquences qui jouent sur des différences
d’échelle qui jaillissent à l’image.
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