Film
inclassable, volontiers grotesque, baroque, d’une liberté et d’une
inventivité totale, Santa Sangre
ne propose pas une image, pas un plan qui soit conventionnel ou qui ne soit outrancier
ou étrange.
Certaines
séquences sont remarquables, par exemple l’enterrement de l’éléphant, lentement
conduit dans son énorme cercueil, et, plus globalement, toute la première partie
sur l’enfance de Fenix, développée avec une puissance visuelle happante.
Jodorowsky, toujours
très mystique, emplit son film d’ésotérisme et, dans ses délires, dialogue, à
sa façon, avec le cinéma. On pense à Buñuel, inévitablement, notamment par une
morbidité de fond qui transparaît sans cesse. Le scénario, quant à lui, est
directement issu de Psychose. Le
film, alors, apparaît comme l’enfant monstrueux de Psychose et de Buñuel.
Mais, dans sa
morbidité, Jodorowsky, à grands coups de poésie et de cirque, dans une ambiance
fellinienne, sauve ses personnages. Fellini est d’ailleurs très présent par le
matériau autobiographique et ce ton de clown triste qui envahit le film (La Strada n’est pas loin).
Ce film un peu
fourre-tout évoque aussi, pêle-mêle, L’Homme
invisible, Les Mains qui tuent de
Siodmak, Freaks, évidemment (on
retrouve le goût de Jodorowsky pour les monstres et les difformes) ou encore La Vie criminelle d’Archibald de la Cruz
de Buñuel (avec le mannequin désarticulé
en fin de film).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire