Ferrara filme la
plongée d’un homme progressivement détruit, vidé et qui va au bout de son
parcours, en portant une croix dont il sait très bien qu’elle va le briser. Le
lieutenant erre dans New York, ville de tous les péchés, déjà filmée sous cet
angle si souvent (on pense inévitablement, avec cet univers réaliste, empli de
drogues et de violence, à Taxi Driver)
et qui apparaît ici comme le creuset de tous les vices, où les hommes sont
corrompus, dans un sens biblique. Loin de faire régner la loi en suivant les
lois il bricole, s’arrange, revend la drogue sur laquelle il met la main, fait
des paris sans fin. Harvey Keitel à la fois massif et perdu, colérique et
fragile, donne une dimension iconique à ce personnage pourri et drogué qui vole
vers sa rédemption.
La descente aux
enfers du lieutenant est filmée par Ferrara avec une dimension mystique. Aux
côté de la nonne – qui pardonne à ses agresseurs – il se sacrifiera pour des
criminels, acquérant une dimension christique, relayée par plusieurs indices de
mise en scène (cette dimension rejoint là aussi Scorsese).
Tout au fond du
gouffre dans lequel il croupit, le lieutenant est touché par la grâce, par
laquelle il sauvera non pas son corps, trop longtemps enseveli sous les péchés,
mais, sans doute, son âme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire