Très bon film de Jim Jarmusch qui, continue, film après
film, de surprendre. Il se promène ici dans le film de genre, entre le polar et
le film de mafia, avec ces chefs qui commanditent des crimes et
« gèrent » la ville. Son goût pour les personnages marginaux
s’incarne à l’écran dans ce personnage de tueur à gage qui, s’il fait écho à
mille autres exemples fournis par le cinéma américain, est surtout une reprise
directe de Jef Costello dans Le Samouraï de Melville. Forrest Witaker,
masse impavide, construit ainsi un personnage original et attachant en lui
apportant une touche de spirituel et un mélange souple et étonnant de lenteur et de vélocité.
Au delà du titre du film lui-même, le film reprend de
nombreuses caractéristiques directement issues du film de Melville : Ghost
Dog lit le livre cité chez Melville, les deux tueurs affectionnent les oiseaux (ici un canari, là des pigeons), oiseaux qui préviennent de l’arrivée d’autres tueurs, etc. Et, bien plus
que de simples clins d’œil, c’est la trajectoire même de Ghost Dog qui rejoint
celle de Costello, depuis la solitude initiale, les contrats exécutés et
jusqu’à la fin où il se laisse tuer. Mais Jarmusch retravaille le motif :
il donne à son personnage une certaine poésie lente qui emplit le film, il filme avec calme, étouffant la violence – pourtant omniprésente – dans une
atmosphère mélancolique et planante et travaille par petites touches d’humour
ou de douceur.
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