Amusant film de
Joe Dante, qui rend hommage aux films de monstres des années 50. Très
intelligemment le film est situé en 1962, en pleine crise de Cuba, ce qui
permet à Dante de jouer entre la psychose collective de la peur d’un
embrasement nucléaire et la peur des jeunes spectateurs qui vont au cinéma voir
des films où des fourmis géantes attaquent la ville. On notera d’ailleurs le
gap qui existe dans le scénario : les films que vont voir les enfants sont
complètement passés de mode dans les années 60.
Mais on sent une
nostalgie des séances de l’après-midi, celles dont se régalait Joe Dante
enfant (et auxquelles le titre original fait allusion). Le personnage de Woolsey (excellent John Goodman) est inspiré du producteur
William Castle qui avait, comme Woolsey, imaginé tout un tas de stratagèmes
pour immerger le spectateur dans le film. Avec beaucoup d’humour, Dante propose
son propre film de monstres – Mant (film
dans le film, dont Joe Dante a fait une version complète de 16 minutes) –
construit en clin d’œil avec les films de la période : on pense à La Mouche noire, aux Monstres attaquent la ville (tourné en
dérision avec la réplique sur le sucre), etc.
La fin de la
projection est une réussite avec Woolsey qui, pour évacuer en urgence la salle, fait croire que l’apocalypse nucléaire a eu lieu, et il crée donc une panique :
il interrompt son film de monstres et il fait peur pour de vrai en projetant
une image du champignon atomique. Le jeu d’emboîtement des peurs est très
réussi. Le public ne joue plus à se faire peur mais a réellement peur et il
fuit la salle. On pense à Orson Welles et à la panique qu’il a provoquée en
adaptant La Guerre des mondes à la
radio en 1938.
La fin du film
résonne étrangement dans un beau plan final : Gene et Carol sont sur la
plage, la crise des missiles se termine, on voit dans le ciel les avions et les
hélicoptères mobilisés pendant la crise rentrer à leur base. The Lion Sleeps Tonight résonne tout
doucement. Mais le film se termine sur un dernier hélicoptère qui se rapproche.
On comprend alors que le lion n’est qu’endormi et que ce gros plan d’hélicoptère
appelle à son réveil prochain : si le conflit nucléaire a bien été évité, la
guerre du Vietnam – popularisée à l’écran par ce vrombissement d’hélicoptère typique
– couve déjà à l’horizon.
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