Le dernier film
d’Andrei Tarkosvki est l’un des plus austères du réalisateur (qui compte pourtant bon nombre de films austères !). C’est que Le Sacrifice, en plus d’un rythme
naturellement lent et économe en actions, est très bavard. Et il s’agit de
longs monologues ou de dialogues où l’on parle surtout philosophie.
On trouvera moins de richesse formelle que dans d’autres films du réalisateur (même si, techniquement, tout est proche de la perfection), notamment parce que, le film étant bavard, l’expression de la caméra semble passer au second plan. Là où le cinéaste s’exprimait jusqu’alors par l’image, il semble ici s’exprimer aussi par des paroles. Le propos de Tarkovski y devient on ne peut plus théorique et perd sans doute en puissance : les paroles, chez le cinéaste russe, sont moins profondes que ses images. Cela dit le formalisme tarkovskien est à l’œuvre : le film s’ouvre sur un plan séquence très long qui, s’il n’est pas éblouissant, reste très technique et il se ferme sur un autre plan-séquence – l’incendie de la maison – qui, lui, est réellement éblouissant. Dans ce plan, toute la puissance visuelle de Tarkovski, construite autour des rapports de l'Homme aux quatre éléments, explose à l'écran.
On trouvera moins de richesse formelle que dans d’autres films du réalisateur (même si, techniquement, tout est proche de la perfection), notamment parce que, le film étant bavard, l’expression de la caméra semble passer au second plan. Là où le cinéaste s’exprimait jusqu’alors par l’image, il semble ici s’exprimer aussi par des paroles. Le propos de Tarkovski y devient on ne peut plus théorique et perd sans doute en puissance : les paroles, chez le cinéaste russe, sont moins profondes que ses images. Cela dit le formalisme tarkovskien est à l’œuvre : le film s’ouvre sur un plan séquence très long qui, s’il n’est pas éblouissant, reste très technique et il se ferme sur un autre plan-séquence – l’incendie de la maison – qui, lui, est réellement éblouissant. Dans ce plan, toute la puissance visuelle de Tarkovski, construite autour des rapports de l'Homme aux quatre éléments, explose à l'écran.
Ce dernier film,
réalisé en Suède et avec une équipe proche de celle de Bergman, est, bien
entendu, riche en symbole. Alexander, le personnage central, apparaît à bien des égards comme un
double de Tarkovski (c’est un intellectuel reclus sur
une île, en marge de la société et Tarkovski, alors, est en exil) et il ne
cesse de douter et de s’interroger. Il ira ainsi presque jusqu’au suicide. Et sa
fureur contre le monde moderne est celle de Tarkovski. Ce rejet de la
civilisation est exprimé dans cet isolement, dans ce retour à la matière (l’eau,
l’air, la terre et le feu s’y entremêlent), et dans l’enfant provisoirement
muet (dont l’innocence ne peut s’exprimer, mais à qui seront réservés les
derniers mots). Le mysticisme cher au réalisateur permet d'échapper à l'apocalypse promise au monde : plus ici que dans d’autres films, où elle n’était qu’une
interprétation parmi d’autres, la croyance en Dieu (ou dans des forces
mystérieuses) peut seule sauver le monde. Dieu sauve alors le monde et
Alexander tient sa promesse : celle de cesser toute glose qui, finalement,
empêche de vivre. L’extraordinaire séquence de l’incendie de la maison vient
amener jusqu’à son terme cet élan de mysticisme.
On notera que le
dernier plan du film (un mouvement de caméra ascendant sur l’arbre planté en
début de film), qui est aussi le dernier plan du cinéaste, répond, par une
magie étrange, à son tout premier, dans L’Enfance d’Ivan, où la caméra descendait le long d’un tronc d’arbre.
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