S’il apparaît
comme un film de propagande soviétique typique de la période (s’agissant de
montrer que la mécanisation va permettre aux paysans de s’émanciper des
méchants koulaks), La Terre montre
une vraie poésie et un très beau sens plastique. Dovjenko scrute les visages,
les imposant en de longs plans qui les magnifient et qui montrent les
réflexions des paysans, face à l’arrivée du tracteur. La fierté burinée des
visages et la noblesse de ces hommes simples sont remarquablement saisies. Ces
visages singuliers sont opposés à la foule indistincte.
Dans le même temps,
Dovjenko parvient à saisir une puissance cosmique, celle des champs, celle du
soleil montant le matin, filmant comme d’autres peignent des natures mortes,
avec ces pommiers et leurs branches qui ondulent dans le vent. L’enterrement du
fils gagne ainsi une grande dimension lyrique (qui dépasse le message
révolutionnaire du film). Par-delà la
propagande obligatoire, Dovjenko parvient ainsi à donner une humeur poétique à
ces champs et à ces saisons qui s’avancent.
On retrouve
l’influence de cet important film russe jusqu’à Tarkovski (qui reprend par
exemple le motif des pommes dans L’Enfance
d’Ivan).
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