Beau film de
David Lean qui alterne des séquences magnifiques – où le lyrisme de Lean aussi
bien que sa finesse jouent à plein – avec d’autres moments où le liant du film
se perd un peu.
Dans cette
variation libre et lointaine de Madame Bovary – dont l’argument sert l’histoire
au cœur du récit – viennent se greffer les tensions entre séparatistes
irlandais et la garnison anglaise. Mais dans ce long film, c’est un peu comme
si l’alchimie ne se faisait pas complétement et que les différents récits ne
s’assemblaient pas parfaitement. Certains moments du récit apparaissent en
retrait par rapport aux autres.
Rosy aspire à
l’ascension sociale autant qu’à un ailleurs qui lui semble interdit, coincée
comme elle est dans ce petit village, au bord de l’océan, entre plages et
falaises. Elle se rabat, aveuglée par ses chimères enfantines, sur le maître
d’école avant de succomber, violemment, devant le major Doryan, l’anglais.
C’est ainsi que le récit croise les amours interdits de Rosy avec les conflits
entre Anglais et Irlandais.
Certaines séquences sont très belles : les premières scènes entre Rosy et Charles
Shaughnessy ; les plans subjectifs de Charles sur la plage qui comprend la
tromperie de sa femme ; l’écrin de Nature construit autour de Rosy et du
major ; mais aussi, dans un style aux antipodes, l’étonnante séquence de
l’orage où les indépendantistes récupèrent une cargaison d’armes et, enfin, de
façon générale, la magie ensorcelante des paysages filmés avec une profondeur
de champ infinie.
Le film souffre sans doute d’un casting contrasté : Sarah Miles est une Rosy très
touchante, tantôt rêveuse, tantôt détestable, avec cette folie de liberté qui
passe dans ses yeux, Robert Mitchum, dans un rôle étonnant de
maître d’école casanier, est admirable, de même que Trévor Howard, très sobre.
Mais Christopher Jones est bien effacé en major marqué par la guerre et John
Mills cabotine terriblement en idiot du village.
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