Plaisant film de Wes Anderson qui met en place son univers si
caractéristique. Ce qui n’aurait pu être qu’un film de campus décolle vers un
style bien marqué, fait de personnages étranges et décalés (avec notamment
cette étrange symétrie qu’on retrouve souvent chez W. Anderson : d’un côté
des adolescents déjà trop adultes et de l’autre des adultes trop adolescents),
une esthétique innovante (cette façon de présenter les personnages ou les
activités de Max) et des jeux de caméra amusants (par exemple en décalant la
caméra vers un détail avant de revenir au sujet principal du plan).
Anderson parvient à trouver un ton comique léger et fin – bien loin de
la vulgarité et de la lourdeur qui ont si souvent envahi la comédie –, très
original, foisonnant (les mille et une activités de Max, ses mille et un
rebonds pour conquérir Rosemary) et traversé, néanmoins, par une touche de
mélancolie. Il faut dire qu’il s’appuie sur un Bill Murray impeccable qui
trouve un équilibre improbable entre le burlesque et la mélancolie triste et
insondable. Ce type de personnage sera bien vite une des marques de fabrique de
Wes Anderson qui fait souffler un vent frais et très plaisant sur la comédie
américaine, genre par ailleurs largement moribond (1).
(1) : Le genre est moribond non pas au regard de la quantité de
films produits ou de l’argent amassé mais au regard de la qualité des films
réalisés. Wes Anderson apparaît alors à la fois comme une exception qui
confirme la règle et comme une bénédiction.
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