vendredi 9 novembre 2018

L'Espion qui venait du froid (The Spy who Came in from the Cold de M. Ritt, 1965)




En pleine vague james-bondienne, L’Espion qui venait du froid emmène le spectateur bien loin du glamour faste, de l’exotisme (on ne sort guère de la grisaille des murs nus), des smokings, des gadgets et des facéties de Sean Connery. Mais, plus encore que son aspect réaliste (c’est-à-dire dénué de tout l’apparat hollywoodien), c’est l’humeur du film qui contraste terriblement avec les films de James Bond. On ne rêve guère dans ce film, la vie y est grise et morne et Alec Leamas (remarquable Richard Burton), espion usé et fatigué, est un individu lambda, perdu au milieu des autres, avec une vie tout aussi grise et morne, bien loin de l’allant patriotique de 007.



Le discours final sur l’espionnage est lapidaire et résume, à lui seul, le ton du film, aux antipodes de la légèreté hollywoodienne de James Bond : « Que pensez-vous que sont les espions ? Des philosophes moraux confrontant ce qu’ils font à la parole de Dieu ou de Karl Marx ? Non ! Ils sont juste une bande de bâtards malicieux et sordides comme moi : des petits hommes, des ivrognes, des homosexuels, des petits maris, des fonctionnaires jouant aux cow-boys et aux Indiens pour égayer leurs petites vies pourries. Pensez-vous qu'ils sont assis comme des moines dans une cellule, à trouver l’équilibre entre le Bien et le Mal  ? » (1).



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(1) : La tirade en anglais : “What the hell do you think spies are? Moral philosophers measuring everything they do against the word of God or Karl Marx? They’re not! They’re just a bunch of seedy, squalid bastards like me: little men, drunkards, queers, hen-pecked husbands, civil servants playing cowboys and Indians to brighten their rotten little lives. Do you think they sit like monks in a cell, balancing right against wrong?”

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