Cadavres exquis commence par une étrange et très
belle première séquence, à la portée quasiment métaphysique, avec ce parallèle
entre les momies de la crypte de Palerme et le visage de vieillard de Charles Vanel.
Mais le film, ensuite, suit un déroulement classique chez Francesco Rosi
(adepte des films-dossiers qui sont souvent autant de réquisitoires) dont l’issue est
(trop) rapidement anticipée : l’inspecteur Rogas (impeccable Lino Ventura,
impavide et tenace) met le doigt dans une affaire qui le dépasse. Il cherche à remonter le fil de son enquête mais la face
sombre du pouvoir lui échappe, il fait fi des avertissements reçus ici et là
par différents supérieurs et il ne sent que trop tard la menace qui pèse sur
lui.
Mais Rogas
apparaît assez naïf : face à des juges qui se font assassiner, il continue
de croire à un pouvoir propre sur lui et, s’il veut faire triompher la justice,
il ne se rend pas compte de la réalité qui gangrène les arcanes du pouvoir où
tout est corrompu. L’intégrité et la puissance de Ventura n’y feront rien.
Le film apparaît
alors comme un réquisitoire très pessimiste contre le pouvoir (et au didactisme
trop appuyé), qui laisse assez peu d’espoir pour l’Italie. La collusion entre
les différents partis, la Mafia et les hauts magistrats semble accoucher d’un
organe de pouvoir impalpable, coupé du peuple (il faut voir les palais occupés
par ces sombres personnages), puissant et impitoyable.
On prend
plaisir, en revanche, au casting étonnant qui réunit Lino Ventura, Charles
Vanel mais aussi Fernando Rey ou Max Von Sydow.
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