mercredi 16 janvier 2019

Rampage : Hors de contrôle (Rampage de B. Peyton, 2018)




Stéréotype du film fast-food qui se consomme comme un Big Mac : à la fois sans grande saveur mais avec une sensation de trop plein immédiate. Le film contient tous les ingrédients conventionnels du blockbuster bête et méchant : des gentils très gentils et plein de bons sentiments, des méchants très méchants d’une avidité féroce, à la tête d'une grosse entreprise de haute technologie qui est prête à voir détruire le monde pourvu qu’elle gagne de l’argent, des militaires qui « ne se rendent pas compte », un héros bodybuildé au grand cœur, le tout dans une enfilade de scènes d’action face à de gros monstres numériques qui attaquent la ville. Et le film, commencé comme un film de science-fiction, finit en film catastrophe avec gratte-ciel abattu et quartier dévasté.
Les scénaristes se sont inspirés du jeu vidéo du même nom mais mieux vaut ne pas s’attarder sur les incohérences scénaristiques, ni sur l’exploitation de sillons mille fois labourés. Les gros monstres s’inspirent, eux, vaguement, l’un de King-Kong, l’autre de Godzilla et le dernier du loup-garou (admettons).

On notera que, se destinant à l'international, Rampage doit se plier au diktat des exigences du public lambda : si le héros est donc on ne peut plus américain – bodybuildé comme il se doit, belle âme, et qui résout les problèmes par l'action , en revanche le sens général du film (les propriétaires-actionnaires avides ne voient pas plus loin que leurs profits) est lui d'une connotation anti-américaine, conformément au monde qui est plutôt anti-américain depuis quelques années maintenant (disons depuis les années Bush junior). Rampage offre donc ce paradoxe qu'ont de nombreux blockbusters américains : il donne des preuves d'américanité (ici le héros) et, en même temps, donne des gages d'anti-américanisme.

Rampage n’a, par ailleurs, pas grand intérêt, mais il est un bon exemple du niveau moyen des blockbusters des années 2010, au budget délirant (plus de 100 millions de dollars). Et force est d’admettre que ce niveau moyen est tout de même bas, très bas : ce cinéma, qui adopte toujours plus les standards internationaux (et qui est donc, finalement, de moins en moins américanisé), propose un divertissement d’une bêtise et d’une anémie étonnantes.

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