Très intéressant film politique – sous-genre très en vogue dans les années 70 (on pense aux films de A. Pakula, où l'on retrouvera Robert Redford) – qui s'appuie sur une campagne
électorale fictive.
L'idée de départ est très bonne : Michael Ritchie lance l’idéaliste Bill McKay (Robert
Redford) dans un combat perdu d’avance. Avec ses belles idées pour
l’environnement, pour l’aide aux pauvres ou aux femmes seules, McKay se lance un
peu naïvement dans la campagne, affrontant l’expérimenté et cynique sénateur
sortant, animal politique infranchissable (la séquence du feu de forêt est
excellente).
Tout l’intérêt est de suivre à la fois la mobilisation croissante – avec les salles d’abord vides qui se remplissent peu à peu – en parallèle de la
dérive lente et plus ou moins consciente de McKay, qui, pour grappiller des voix
et n’être pas ridiculisé, doit devenir réellement candidat, c’est-à-dire mettre
de l’eau dans son vin, d'abord un peu puis de plus en plus. Les dessous de la campagne
électorale sont alors disséqués, avec les clips de campagne qui éludent tel ou
tel sujet ou les suggestions sur la façon de répondre à des questions
piégeuses. Et McKay perd sa liberté de ton, devient plus tendu, plus anxieux
d’un faux pas, davantage crispé à mesure que la machinerie politique fait son
œuvre, jusqu’à la superficialité décisive du débat télévisé où il apparaît –
transformé en candidat médiatique – aux antipodes du fringant idéaliste qu’il
était.
L’interrogation finale résume à elle seule la désillusion d’une
Amérique qui, en pleine présidence Nixon, ne croit plus aux politiques.
Le film constitue aussi un contre-champ à La Dernière fanfare de J. Ford, où Skeffington, le vieux routier de la
politique, sûr d’être réélu, finissait par être battu.
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