Ted Post réalise avec Le Merdier
(1) l’un des premiers films sur la guerre du Vietnam, réalisé seulement trois ans
après la fin de la guerre. On sait que lorsqu'un événement marque l’Amérique, le cinéma s’en
empare – directement ou non – quelques années après, le temps d’encaisser le
coup (on observe ce phénomène avec l’assassinat de JFK, celui de Sharon Tate ou
encore après le choc du 11 septembre).
Ici la tragédie du Vietnam est attaquée frontalement et, de façon tout
à fait symptomatique, l’action se situe au tout début de l’intervention
américaine, bien avant que la guerre ne tourne au désastre pour l’Amérique. Le
récit de cette séquence mineure de la guerre résume à elle seule ce que sera le
Vietnam : un adversaire sous-estimé, une population locale hostile, des
femmes et des enfants qui se battent et, finalement, une retraite pour sauver
ce qui peut l’être (ici le campement est évacué, en laissant derrière lui les
combattants Vietnamiens alliés, abandonnés au Viêt-Cong).
Le jeune caporal Courcey, fraîchement débarqué, fait l’expérience de
la Frontière : il affronte la sauvagerie du combat, emporté par sa naïveté
et il ne comprend pas les tenants et aboutissants de ce qui se joue (en l'occurrence que les villageois ne sont pas étrangers aux combats mais que, au contraire, les femmes tirent à la mitraillette et les enfants transportent des
cartouchières). Et, de cette confrontation à la Frontière, loin d’une
quelconque régénération – comme le veut le Mythe de la Frontière de Roosevelt
ou Turner – Courcey sort traumatisé, sans plus aucune illusion, avec des idéaux
balayés.
(1) : Si le titre français vaut ce qu’il vaut et exprime la
situation sur le terrain, le titre original, Go Tell the Spartans, en faisant allusion à la bataille des
Thermopyles, est beaucoup plus noble. La citation, inscrite sur le fronton du
cimetière laissé par les Français qui ont évacué le village, montre aussi
combien les Américains, en dédaignant la tragique défaite française, n’ont pas
voulu (ou pas su) voir ce qui les attendait au Vietnam.
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