lundi 25 février 2019

Le Merdier (Go Tell the Spartans de T. Post, 1978)




Ted Post réalise avec Le Merdier (1) l’un des premiers films sur la guerre du Vietnam, réalisé seulement trois ans après la fin de la guerre. On sait que lorsqu'un événement marque l’Amérique, le cinéma s’en empare – directement ou non – quelques années après, le temps d’encaisser le coup (on observe ce phénomène avec l’assassinat de JFK, celui de Sharon Tate ou encore après le choc du 11 septembre).
Ici la tragédie du Vietnam est attaquée frontalement et, de façon tout à fait symptomatique, l’action se situe au tout début de l’intervention américaine, bien avant que la guerre ne tourne au désastre pour l’Amérique. Le récit de cette séquence mineure de la guerre résume à elle seule ce que sera le Vietnam : un adversaire sous-estimé, une population locale hostile, des femmes et des enfants qui se battent et, finalement, une retraite pour sauver ce qui peut l’être (ici le campement est évacué, en laissant derrière lui les combattants Vietnamiens alliés, abandonnés au Viêt-Cong).



Le jeune caporal Courcey, fraîchement débarqué, fait l’expérience de la Frontière : il affronte la sauvagerie du combat, emporté par sa naïveté et il ne comprend pas les tenants et aboutissants de ce qui se joue (en l'occurrence que les villageois ne sont pas étrangers aux combats mais que, au contraire, les femmes tirent à la mitraillette et les enfants transportent des cartouchières). Et, de cette confrontation à la Frontière, loin d’une quelconque régénération – comme le veut le Mythe de la Frontière de Roosevelt ou Turner  Courcey sort traumatisé, sans plus aucune illusion, avec des idéaux balayés.



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(1) : Si le titre français vaut ce qu’il vaut et exprime la situation sur le terrain, le titre original, Go Tell the Spartans, en faisant allusion à la bataille des Thermopyles, est beaucoup plus noble. La citation, inscrite sur le fronton du cimetière laissé par les Français qui ont évacué le village, montre aussi combien les Américains, en dédaignant la tragique défaite française, n’ont pas voulu (ou pas su) voir ce qui les attendait au Vietnam.

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