Film assez froid et peu convaincant de Jean-Luc Godard, qui revient au cinéma (après quelques années où il s'en est éloigné) en filmant en Suisse, à cheval entre la ville et la campagne. Il
mélange plusieurs histoires et construit un petit entremêlât, sans véritable
centre et sans prendre de direction particulière.
Ce que Godard parvenait à saisir dans Le Mépris – il saisissait l’insaisissable, qui échappait même à
Paul – il le fixe à grand-peine sur la pellicule avec de gros sabots
maladroits. On sent qu’il veut nous dire plein de choses – mais des choses très
basiques, car c’est un des grands paradoxes de Godard d’avoir un regard novateur et
de travailler le medium cinéma sans avoir grand-chose à
dire –, on sent qu’il veut capter des moments, des étincelles fugaces de vie, utiliser
le cinéma pour échapper au cours de la vie et à son articulation mécanique.
C’est ainsi qu’il joue de ralentis qui décomposent le mouvement (admettons),
mais il n’a rien trouvé de mieux que la vulgarité frontale, articulée autour de
l’idée de la campagnarde qui vient se prostituer en ville, en utilisant le visage
figé et dévitalisé d’Isabelle Huppert.
Mais, plus encore que ces moments qu’il cherche à capter, on sent que
Godard veut « qu’on voit qu’il veut » capter les choses. D’où, sans doute, la
sécheresse mécanique de son film et cette impression de platitude didactique.
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