mercredi 25 septembre 2019

The King of Marvin Gardens (B. Rafelson, 1972)




Suivant un tempo tantôt un peu hasardeux et tantôt très maîtrisé, The King of Marvin Gardens déploie une étrange atmosphère, dépressive et abandonnée, assez typique de Bob Rafelson (et assez typique, aussi, de la période du Nouvel Hollywood). Et, progressivement, le réalisateur semble délaisser son histoire pour se centrer sur les personnages. Il se rapproche alors peu à peu des deux frères et les scrute au plus près.
David veut croire au rêve de son frère Jason, frère combinard, qui passe d’une embrouille à l’autre et croit sans cesse pouvoir se refaire dans un nouveau plan. David, qui réinterprète sa vie dans ses lentes émissions de radio, voudrait maîtriser ce destin et cherche à retrouver une complicité (complicité ancienne qu’il s’invente volontiers) avec son frère.
Le titre du film vient de la version américaine du Monopoly, qui met en scène différentes rues d’Atlantic City, Marvin Gardens étant la rue la plus chère du jeu, juste à côté de la case prison (en français le titre aurait pu être « le roi de la rue de la Paix »). Il faut noter qu’une faute d’orthographe émaille ce nom de rue, et, en réalité, il s’agit de la rue Marven Gardens. En insistant sur cette erreur, Bob Rafelson trouve ici une manière supplémentaire de mettre en scène les illusions de Jason.


Jack Nicholson est ici dans un rôle rare (et pas facile), en frère bien élevé, propre sur lui avec ses lunettes, loin de l’autre personnage central, magouilleur et sur la corde raide, qui oscille sans cesse entre exaltation et déception, et parfaitement tenu par Bruce Dern.

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