Suivant un tempo
tantôt un peu hasardeux et tantôt très maîtrisé, The King of Marvin Gardens déploie une étrange atmosphère, dépressive
et abandonnée, assez typique de Bob Rafelson (et assez typique, aussi, de la période du Nouvel Hollywood).
Et, progressivement, le réalisateur semble délaisser son histoire pour se centrer
sur les personnages. Il se rapproche alors peu à peu des deux frères et les
scrute au plus près.
David veut
croire au rêve de son frère Jason, frère combinard, qui passe d’une embrouille
à l’autre et croit sans cesse pouvoir se refaire dans un nouveau plan. David, qui
réinterprète sa vie dans ses lentes émissions de radio, voudrait maîtriser ce
destin et cherche à retrouver une complicité (complicité ancienne qu’il s’invente
volontiers) avec son frère.
Le titre du film
vient de la version américaine du Monopoly, qui met en scène différentes rues d’Atlantic
City, Marvin Gardens étant la rue la
plus chère du jeu, juste à côté de la case prison (en français le titre aurait
pu être « le roi de la rue de la Paix »).
Il faut noter qu’une faute d’orthographe émaille ce nom de rue, et, en réalité,
il s’agit de la rue Marven Gardens. En
insistant sur cette erreur, Bob Rafelson trouve ici une manière supplémentaire
de mettre en scène les illusions de Jason.
Jack Nicholson est
ici dans un rôle rare (et pas facile), en frère bien élevé, propre
sur lui avec ses lunettes, loin de l’autre personnage central, magouilleur et
sur la corde raide, qui oscille sans cesse entre exaltation et déception, et parfaitement
tenu par Bruce Dern.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire