Comparées à ses
années 70, les années 80 de Claude Sautet sont à oublier. Il tourne peu et ne
retrouve ni le ton ni le regard particuliers qui en font un peintre si juste de
la société française.
Ni le scénario,
convenu, ni les personnages, tout à fait superficiels, ne passionnent. Sautet, qui
avait su progressivement multiplier les personnages dans ses films, tout en les
caractérisant, parvenant à les traiter à la fois comme un tout et comme des
individualités (qu’on se souvienne de Vincent,
François, Paul et les autres), semble, ici, incapable de brosser ne
serait-ce qu’un portrait un tant soit peu fouillé. Même le couple au centre du
film fait pâle figure (on est bien loin, là encore, des Choses de la vie ou de César et Rosalie). Les personnages secondaires sont complètement incongrus et,
plutôt qu’épaissir le film, l’affadissent et, même, dans certaines scènes, l’abêtissent.
Le duo principal
est à la peine avec Sandrine Bonnaire qui n’incarne guère plus qu’une
prolétaire délurée et Daniel Auteuil, dont le personnage annonce Un cœur en hiver, apparaît encore très
frêle, même s’il sera bientôt spécialiste des rôles introvertis et absents. Jean-Pierre
Marielle cabotine à tout va alors que les autres acteurs apparaissent bien pâlichons :
Vincent Lindon, Jean-Pierre Castaldi, Dominique Lavanant ou Philippe Laudenbach
montrent l’abysse qui les séparent des grands acteurs qui ont pu travailler
avec Sautet (Reggiani, Denner, Frey, sans parler, bien sûr, de Montand, Piccoli,
Romy Schneider ou Depardieu).
Sa peinture sociale fait flop et le film reste constamment à mi-chemin entre le drame et la comédie bas de gamme.
Le changement de
scénariste apparaît très préjudiciable, puisque Sautet délaisse Jean-Loup
Dabadie, son grand complice des années 70, au profit de Jacques Fiesci et
Jérôme Tonnerre, bien peu inspirés (ils feront nettement mieux par la suite,
toujours avec Sautet).
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