Il
faut bien entendu oublier la parenthèse regrettable (mais rentable pour les
producteurs…) des épisodes Rambo 2 et
Rambo 3 – tout à fait affligeants – pour
comprendre à quel point le personnage de Rambo de ce film est le descendant, vingt-six ans plus tard, du héros traumatisé et dévastateur du premier opus, sorti en
1982.
En
effet, on peut tout à fait imaginer, dans ce vieux soldat retiré en Birmanie,
fatigué de la vie et sans aucune naïveté sur le monde, ce que serait devenu
John Rambo, vingt-six ans après avoir mis à
sac la petite ville de Hope, énervé qu’il était par cette société qui le
rejetait et incapable, de son côté, de s’insérer socialement, ayant ramené du
Vietnam trop de traumatismes et de sauvagerie. On peut imaginer que, dégénéré
par la violence de la jungle, il ne soit pas resté aux Etats-Unis – pays désormais
trop civilisé – mais qu’il se soit installé dans une jungle à peine moins
violente que celle du Vietnam, parcourue par des bandes armées de la junte
locale, qui rappelle terriblement le Viêt-Cong.
Rambo,
à nouveau en terrain connu, peut alors retourner au charbon pour sauver ce qui
reste d’une petite troupe de naïfs occidentaux – qui s’imaginent que la Frontière
est un endroit fréquentable – et exterminer en passant tout une armée de
guerriers sans foi ni loi.
Cela nous vaut notamment une séquence très violente, très
longue (environ huit minutes sur un film d’une heure et demie), d’une
sauvagerie absolue, où Rambo, agrippé à une mitrailleuse, déchiquette à tout
va, taillant en pièces l’ennemi. On a là une contamination du film par la
violence de ce que sont devenus les films d’action, une contamination également
par la violence du monde (des guerres d’Irak aux attentats du World Trade Center) :
l’univers de Rambo, déjà violent en 1982, mais d’une violence encore contenue
puisqu’il n’y a qu’un mort dans le premier
épisode, devient le théâtre d’une hécatombe démentielle qui accompagne le passage
du vieux soldat.
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