lundi 13 janvier 2020

Ange (Angel d'E. Lubitsch, 1937)




Très grand film d’Ernst Lubitsch, qui continue d’offrir au spectateur des chefs d’œuvre de comédies sophistiquées. Son style explose constamment à l’écran : jamais, sans doute, même dans ses plus grands chefs d’œuvre, il n’est allé aussi loin dans l’art de l’ellipse, imposant au spectateur, sans cesse, de compléter la narration, de jouer en lui-même les scènes qui se sont jouées mais que Lubitsch a choisi de ne pas montrer, derrière une porte qui nous est restée fermée. Ce rythme, cette façon d’utiliser les décors pour montrer précisément et pour cacher tout aussi soigneusement, cette Lubitsch’s touch en somme, à travers laquelle aucune situation n’est donnée pour elle-même (ce sont les actions et les comportements des personnages qui déclenchent les situations) donne une subtilité pleine de préciosité au film.
L’habituel triangle amoureux est servi par un trio d’acteurs exceptionnels (Melvyn Douglas et Herbert Marshall se disputent Marlène Dietrich), qui évoluent dans leur registre favori qui se trouve être aussi celui de Lubitsch : parmi les grands de ce monde, dans un univers raffiné et cristallin, avec force manteaux de fourrure, coupes de champagne et  bijoux précieux.

 

Et, comme un précieux caviar, Angel se déguste avec goût, préciosité et réclame une complicité exigeante du spectateur. On se demande si, aujourd’hui, des réalisateurs sont capables de demander autant de leurs spectateurs et, ce faisant, de leur faire à ce point confiance pour le suivre.


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