Très grand film
d’Ernst Lubitsch, qui continue d’offrir au spectateur des chefs d’œuvre de
comédies sophistiquées. Son style explose constamment à l’écran : jamais,
sans doute, même dans ses plus grands chefs d’œuvre, il n’est allé aussi loin
dans l’art de l’ellipse, imposant au spectateur, sans cesse, de compléter la
narration, de jouer en lui-même les scènes qui se sont jouées mais que Lubitsch
a choisi de ne pas montrer, derrière une porte qui nous est restée fermée. Ce
rythme, cette façon d’utiliser les décors pour montrer précisément et pour
cacher tout aussi soigneusement, cette Lubitsch’s
touch en somme, à travers laquelle aucune situation n’est donnée pour
elle-même (ce sont les actions et les comportements des personnages qui déclenchent
les situations) donne une subtilité pleine de préciosité au film.
L’habituel
triangle amoureux est servi par un trio d’acteurs exceptionnels (Melvyn Douglas
et Herbert Marshall se disputent Marlène Dietrich), qui évoluent dans leur
registre favori qui se trouve être aussi celui de Lubitsch : parmi les
grands de ce monde, dans un univers raffiné et cristallin, avec force manteaux
de fourrure, coupes de champagne et
bijoux précieux.
Et, comme un
précieux caviar, Angel se déguste
avec goût, préciosité et réclame une complicité exigeante du spectateur. On se
demande si, aujourd’hui, des réalisateurs sont capables de demander autant de
leurs spectateurs et, ce faisant, de leur faire à ce point confiance pour le
suivre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire